Art is money
La valeur symbolique de l’argent dans l’Histoire de l’Art du XIIIe siècle à aujourd’hui : telle est l’épine dorsale de la belle exposition tricéphale proposée par la Staatliche Kunsthalle Baden-Baden.
L’argent est tout sauf un objet neutre : tel est le postulat qui sous-tend une imposante exposition rassemblant plus de 120 pièces, dont le titre Gutes böses Geld peut se traduire par L’Argent, bon et mauvais. Y sont présentées des œuvres comme le cruel Couple mal assorti de Cranach le vieux où un vieux barbon – vraisemblablement riche – pose un regard libidineux sur une jeune femme dont la naïveté n’est qu’apparente. Autres variations sur le thème du pognon, les 40 Two Dollar Bills de Warhol ou les billets de banque à valeur nulle de Cildo Meireles interrogent notre rapport aux moyens de paiement tout en questionnant la valeur de l’Art. Au milieu des peintres flamands (avec les exquis Changeurs de monnaie de Marinus van Reymerswaele), le visiteur découvre des œuvres contemporaines qui interrogent son rapport au flouze. Une des plus séduisantes est I’ve got it all (too) d’Anahita Razmi : une femme, les jambes largement écartées, semble remplir son sexe de cartes à jouer, de billets de Monopoly et de jetons de casino. Drôle d’allégorie pour Baden-Baden…