En 1999, l’ensemble des Ministres de l’Éducation des pays de l’UE signait le protocole de Bologne visant une harmonisation des cursus supérieurs. D’où l’obligation actuelle pour les écoles d’Art de sortir de leurs tutelles municipales. Devenant des Établissements publics de coopération culturelle, les écoles d’Art resteraient entièrement publiques tout en renforçant les possibilités de mécénat privé. En toile de fond, l’enjeu est la reconnaissance des diplômes délivrés. Celles des écoles qui ne choisiraient pas d’accéder à l’autonomie ne seraient plus reconnues par l’État. Car ce n’est plus le Ministère de la Culture qui évaluera les contenus pédagogiques et délivrera la certification des diplômes mais l’AERES (Agence d’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur – www.aeres-evaluation.fr). Chaque école doit donc adapter ses cursus sur le modèle universitaire (système européen de transferts et d’accumulation des crédits – ECTS, réforme Licence-Master-Doctorat, semestrialisation des enseignements).
« J’ai personnellement donné mon feu vert à des discussions entre Le Quai et l’Ésad en vue de créer un EPCC commun », affirme Michel Samuel-Weis, adjoint à la Culture de Mulhouse. « Ces deux écoles sont complémentaires. » Pour Otto Teichert, « cette opportunité de rapprochement est un cadeau. Nos écoles sont à proximité de métropoles (Karlsruhe, Stuttgart, Bâle). Autant de conditions pour développer un beau projet d’offre de formation artistique avec une détermination forte au niveau transfrontalier ». L’idée d’un pôle d’ampleur similaire à celui formé par les écoles d’art de Karlsruhe et de Fribourg fait son chemin. « Mais Strasbourg a ajouté la filière de formation supérieure du Conservatoire de musique, ce qui crée un certain déséquilibre entre les deux villes », s’inquiète Michel Samuel-Weis. « Pas question qu’il perdure car sinon, nous créerons un EPCC tout seul ! Nous voulons conserver toutes nos filières, notamment nos options communes (Art et Son) et notre spécificité, l’option Textile. » Son homologue strasbourgeois, Daniel Payot, estime pour sa part que « nous avons ici la chance de créer un instrument plus réceptif à ce qui se passe dans le milieu artistique en général, affichant une offre de formation plurielle et rigoureuse pour compter sur le plan international. C’est une carte à jouer ».