Tout ce qui brille
Une carrure de boxeur et une voix de velours… Le crooner rock Rover poursuit, avec Let it Glow, son Odessey glam pop. Entrons dans le “Rover’s land” tout en clair obscur.
Votre second long format est une invitation à voir le monde d’un autre œil, à l’imaginer lumineux. Difficile après l’année écoulée ?
Let it Glow fait écho à une manière de procéder pour ce disque, sans se laisser déborder par l’angoisse. Au moment de composer, se faire confiance, laisser les choses venir pour ne pas être dans un rapport de force avec l’écriture. C’est sûr que cet album, sorti une semaine après les drames de novembre, a pris une autre saveur… Notre époque très sombre peut figer l’imagination, l’ancrer au sol, mais il y a des disques qui m’ont donné envie de me lever le matin, d’aimer, de voyager, et j’espérais secrètement susciter à mon tour ces désirs de vie.
Vous puisez votre inspiration dans vos fêlures, vos blessures, afin de les transcender ?
La naissance est un cri de douleur et la mort un dernier soupir… mais je vois les choses de manière optimiste. C’est très thérapeutique la musique : elle m’aide, m’apaise, me réconforte. Certains disques sont des madeleines, des caresses maternelles.
Parmi eux, il y a Sergent Pepper’s ou Ziggy Stardust, des albums “concept”. Let it Glow en est-il un ?
Peut-être, car il y a un fil rouge : je l’ai conçu seul, l’enregistrant en analogique et l’envisageant en termes d’“album”, pas de singles à télécharger sur iTunes. Les titres se nourrissent entre eux, se mettent en lumière. Je suis peut-être old school, mais je trouve malheureux qu’on veuille à ce point dématérialiser la musique. J’ai passé tant de temps à analyser la pochette de Sergent Pepper’s.
Vous n’êtes pas Ziggy Stardust, mais vous vous êtes construit un personnage…
J’aime jouer avec les codes vestimentaires, mais je m’habille dans la vie comme on me voit sur la pochette. J’affectionne les objets intemporels, qui ont une âme, comme une vieille guitare ou mon blouson en cuir.
Est-ce que c’est avec les vieux instruments analogiques qu’on fait les meilleures pop songs ?
Avec l’analogique, on n’a pas la mainmise sur tout : on devient dépendant d’accidents, de matériel capricieux… On entre en dialogue avec lui. Le retour à l’oreille fait comme un écho et lorsque je chante, j’ai l’impression de le faire avec quelqu’un d’autre. La bande analogique me fascine, elle crée un effet miroir.
Dans la vidéo de Lou, vous demeurez impassible alors que l’espace se comprime…
C’est symbolique : il faut résister aux loups qui hurlent autour de la bergerie, aux “menaces” que s’imposent les artistes en se mettant en pleine lumière. Même si les murs rétrécissent gardons le cap et restons droit à la barre.
USA, Liban… vous avez parcouru le monde. Êtes-vous posé à présent ?
Non, je me sens bien en Bretagne, à Paris lorsque j’y vais, mais ma valise est toujours prête. Ce n’est pas encore l’heure de la retraite.
www.artefact.org Aux Trinitaires (Metz), vendredi 4 mars www.trinitaires-bam.fr À L’Olympia (Paris), jeudi 24 mars www.olympiahall.com Au Moloco (Audincourt), mercredi 30 mars www.lemoloco.com www.rover-music.com