Banco !
20/20 pour la prog’ de la vingtième édition du festival messin Musiques Volantes avec des pointures de l’underground comme Mykki Blanco, rappeur queer enragé, ou, aux antipodes, Ropoporose et sa pop fraîche.
Virées alcoolisées sur fond de musique bruitiste, scènes de violence dans une nuit noire déchirée par la lumière blanche de phares de bagnole, deal de dope et courses-poursuites, postures ultra viriles ou hyper lascives… L’esthétique anxiogène de Mykki Blanco (13/11 aux Trinitaires) interpelle, nous projetant dans un univers sombre, à la frontière d’une vidéo de hip-hop et son lot de clichés, de Come To Daddy d’Aphex Twin clippé par Chris Cunningham ou The Blair Witch Project, version trash bling-bling. De grosses cylindrées, de jolies pépées, des chaînes en or qui brillent… et son rappeur portant du rouge à lèvre, une perruque et des talons hauts. Entre performer et chercheur (il écrit sur la communauté gay), artiste et activiste, Mykki Blanco n’a pas choisi.
L’ange mutant afro-américain brouille les pistes et impose ses punchlines dans un milieu macho avec un rap transgenre mêlant sonorités électroniques dark, cause LGBT et rimes qui claquent. Bitch sexy ou mâle dominant, Mykki endosse tous les rôles et ouvre les possibles… à l’image de la programmation de la vingtième édition d’une manifestation conviant le punk historique de Wire, les beats inspirés de Prefuse 73, la grandiloquence bowiesque de Destroyer, le rock démoniaque de J.C. Satàn, la pop synthétique de Flavien Berger, le r’n’b sexy et musclé de Bonnie Banane, l’electronica cinématographique d’Arandel ou même la chorégraphie d’un monde hostile par la danseuse Nadia Beugré (Quartiers Libres aux Trinitaires).
À l’opposé de la noirceur de Mykki Blanco, il y a Ropoporose (04/11 aux Trinitaires), tout jeune duo qui en plus de savoir très bien se déhancher, a plein de copains toujours prêts à déboucher des bouteilles et faire la fête avec lui. Il faut dire que Pauline et Romain ont le sens du rythme et la science des mélodies accrocheuses. Naïveté à la Moldy Peaches, punch brut façon Matt & Kim, jeu guitaristique évoquant Electrelane, les frérots ont trouvé le pot aux roses… où se cache le secret d’un bon tube pop à la simplicité bancale. Durant le festival, les Tourangeaux feront voler les notes de leur premier album, Elephanta Love, qui fait voir des pachydermes couleur layette au rock qu’ils malmènent gentiment ou enrobent parfois d’une couche de coton. Ropoporose : on y danse ou on s’y love.
Soirées satellites à Paris (Soft Moon à La Machine du Moulin Rouge, Chocolat au Point Éphémère…), Poitiers ou Nantes 03 87 37 19 78