Avec son dernier roman, Tristan Garcia propose un objet littéraire fascinant, en forme de puzzle narratif vertigineux en sept parties.
Sobrement intitulé 7 – un chiffre à la symbolique chargée – le dernier roman de Tristan Garcia est un objet littéraire étrange placé sous le signe du fantastique. Formellement, il est composé de « sept romans miniatures », comme l’indique obligeamment l’éditeur. Le dernier d’entre eux, le plus long, se déploie en sept parties… Il s’agit bien de romans, même si on pourrait les considérer comme des nouvelles, délicatement reliées entre-elles par des fils parfois presque invisibles, éléments récurrents plus ou moins apparents. Il serait aussi possible de les voir comme les chapitres d’un livre unique. À moins – ce qui revient presque au même – que les six premiers soient des instantanés, pris depuis des points de vue différents, mettant en pleine lumière des événements se déroulant dans le dernier, l’histoire d’un “homme éternel”, renaissant immédiatement dès qu’il meurt. Chacune de ses existences est, à la fois, pareille à la précédente (il vient au monde au même endroit, des mêmes parents) et profondément différente (puisqu’il va modifier sa destinée, celles de ses proches et celle du monde). Tristan Garcia a imagine un fascinant puzzle littéraire, un kaléidoscope fictionnel où l’on fait d’étranges rencontres : les adeptes d’une nouvelle drogue, l’Hélicéenne qui permet à l’esprit de remonter le temps (une sorte d’adaptation du logiciel Time Machine à l’être humain, puisqu’on retrouve un état mental antérieur sans que le corps en soit affecté), un guitariste découvrant que toutes les musiques passées, présentes et à venir figurent déjà sur de mystérieux rouleaux de bois, une militante du PCF projetée dans un univers parallèle où la Révolution aurait triomphé transformant la France en un ersatz de RDA ou encore une top model parfaite au terrible secret… Tristan Garcia nous donne à voir sept fois le monde, questionnant son lecteur, le renvoyant sans cesse dans les cordes de ses doutes et de ses certitudes lui qui, comme ses héros, ne cesse de se raconter des histoires.
