Oh! les cœurs
Le collectif strasbourgeois OH! présente la nouvelle édition de son festival éponyme. Les esthétiques défendues ? Totalement inclassables, quelque part entre jazz, rock et musique expérimentale.
Collectif, festival et label, OH! regroupe des artistes téméraires bataillant, en réseau avec d’autres communautés du même type, pour les « musiques créatives d’aujourd’hui ». Christophe Imbs, pianiste et membre très actif, tente de préciser : « On ne trouve pas d’autre terme pour désigner stylistiquement cette musique qui n’est pas du jazz traditionnel, ni du rock classique, ni de la musique contemporaine… Il s’agit de projets qui ne sont pas catalogués ou “catalogables” », aux influences fourmillantes. La manifestation refuse de s’embarrasser d’étiquettes forcément réductrices, surtout qu’au fil des ans, OH! glisse de plus en plus vers l’expérimental. « Nous ne recherchons pas l’expérimentation pour l’expérimentation », met en garde Christophe. Exemple de proposition de cette mouvance, mais sûrement pas hermétique, avec Acapulco de Julien Desprez. Le guitariste free ayant monté le collectif parisien COAX, livre un show « très organique », un live énergique durant lequel il triture vigoureusement sa guitare électrique et appuie nerveusement sur ses pédales d’effets. Un moment rock anticonformiste, un solo sous haute tension, fait de notes et de volts.
OH! ne cherche pas à caresser nos écoutilles, plutôt à titiller nos tympans, même si ses membres privilégient une démarche pédagogique, de sensibilisation, en organisant des rencontres ou des présentations d’ateliers menés au Cedim (Centre d’enseignement et de développement de l’improvisation musicale) de Strasbourg. Christophe Imbs, Francesco Rees ou Christine Clément sont des gens bienveillants… qui n’hésitent cependant pas à programmer des artistes hors-normes, de la trempe de David Bausseron (du collectif lillois expérimentateur Muzzix). Au cours de son concert performatif Murmur Metal, le musicien manipulateur fait chanter des ustensiles en ferraille, poétisant le quotidien en tordant le cou à des objets usuels pour leur extirper des sonorités mélodieuses ou stridentes. Il s’apprête à garer sa grosse camionnette à Strasbourg et à débarquer au Hall des Chars des kilos de percussions métalliques, parfois rouillées : cages à oiseaux, casseroles, outils divers…
Dans une mouvance plus jazzesque, le festival convie le trio issu du Grolektif lyonnais, Lunatic Toys (“jazzrock désaxé”), ou encore le projet In Love with – le batteur atypique Sylvain Darrifourcq, accompagné de Théo et Valentin Ceccaldi, « trois tarés », selon Christophe – pour un concert… “porn-jazz”. Un show porno ? Oh, oh…