La sixième édition d’Impetus invite à une exploration des entrailles de l’underground grâce à un festival mêlant métal s’accrochant aux tripes, étranges ateliers gastronomiques et expériences artistico-biologiques.
Le “hard” a son festival. Loin des sentiers battus, les esthétiques défendues par Impetus sont les composantes brûlantes d’une manifestation transdisciplinaire conviant des expérimentateurs dans divers domaines, des têtes chercheuses en matière de musique divergente, d’arts plastiques souterrains voire de cuisine moléculaire. Pour David Demange, directeur du Moloco à Audincourt et co-directeur de la manifestation (aux côtés de Sandrine Dupuy, son homologue de La Poudrière), « Impetus a une orientation artistique très marquée avec la radicalité pour fil rouge. Avec 17 partenaires, le festival s’éclate sur tout le territoire (le Nord Franche-Comté), sans unité de lieu. » Ici, le hors-piste n’est pas toléré, il est de rigueur. Exemple avec Les Âmes amplifiées de Gilles Aubry, live quadriphonique durant lequel l’artiste diffuse une bande-son oppressante sur laquelle il agit : des enregistrements réalisés au cours d’une séance de spiritisme en une église néo-pentecôtiste de Kinshasa. Les mauvais esprits sont chassés dans un indescriptible brouhaha dont le volume est augmenté de plus belle au cours de la proposition d’Aubry. Âmes sensibles… s’abstenir. Fidèle à ses engagements, le festival convie de dignes représentants de la musique chevelue et bruyante. Il y aura du death et du trash (Crusher), du black métal norvégien (Satyricon) et du doom italien (Ufomammut). Oreilles sensibles… s’abstenir, ou rendez-vous pour les concerts, certes radicaux mais moins extrêmes, de KG, faisant le pont entre shoegazing nineties et électronique eighties, du trio rock 100% féminin Baby in Vain, de Dälek et son hip-rock-indus sombre, de Geoffroy Gesser et son saxophone (première incursion jazz dans le festival) ou Jessica 93 pour un trip psyché en vieille Visa jaune canari.
David Demange évoque un festival tournant autour « des transformations de la matière, du corps et de ses liens avec la machine, ce qui explique la place importante accordée à la musique indus dans cette édition où art et science se mêleront. » Notamment dans l’exposition SO3, art, biologie et (al)chimie de l’Espace multimédia gantner (du 11 avril au 25 juillet) qui rassemble des artistes / biologistes travaillant à partir de bactéries. Dans ce cadre, Paul Vanouse propose une performance durant laquelle il manie de l’ADN en direct… D’autres expériences auront lieu, surtout dans nos assiettes, au cours d’ateliers où l’on pratiquera la « gastronomie du bizarre » (nous avons entendu parler de plats réalisés à base de nourriture pour animaux, mais chut…). Estomacs sensibles… s’abstenir. Reste que le directeur du Moloco se félicite d’une « édition cohérente, la plus aboutie à ce jour, avec une osmose entre les propositions »… même si le visiteur devra s’attendre à un remake de Cauchemar en cuisine.