Acte 27 pour les Actuelles, à Strasbourg

Chaisecabeau, Actuelles 2022 © Raoul Gilibert

Cap sur la 27e édition des Actuelles, cinq soirées de lecture mettant en lumière des textes de théâtre contemporain au Taps Laiterie.

Houaria Kaidari, nouvelle artiste associée, rejoint Logan Person pour piloter la manifestation des Actuelles. Avec un comité de lecture, ils ont épluché plus de 120 propositions francophones, arrêtant leur sélection sur cinq d’entre elles et chargeant des artistes de la région de les mettre en lecture et en musique. « Certains critères de recevabilité sont à respecter », expliquent-ils. « Nous n’acceptons pas d’adaptations ou de traductions, nous retenons des travaux récents, qui n’ont en général pas plus d’un an, et ils ne doivent pas être trop longs. » Une exception survient toutefois cette année avec Les Glaces (13/03, à partir de 16 ans), qui en plus d’être passé par la case réajustement, illustre une thématique récurrente de cette édition. « On sent que le sujet de la famille pointe le bout de son nez », approuve Logan Person. Et son acolyte de préciser : « On a en effet beaucoup de textes sur les foyers dysfonctionnels. » Écrite par la Québécoise Rébecca Déraspe, dont Gamètes, l’un des précédents textes, a été programmé aux Actuelles 2018, l’histoire épouse les points de vue de six personnages, tous concernés par une affaire de viol. « Ce qui m’a plu, c’est le fait qu’il s’agisse d’un angle assez inédit », poursuit Houaria Kaidari. « On a cet homme, rattrapé par son passé, qui va se questionner sur la responsabilité, ou non, de ses faits. » Le metteur en scène Yordan Goldwaser, directeur de lecture sur ce projet, est associé à la pianiste Anne-Catherine Kaiser. Ensemble, ils choisissent leurs comédiens et collaborent avec les élèves scénographes de la Hear, contraints d’utiliser trois effets lumineux au maximum pendant la représentation. « Ce que soumettent les étudiants est souvent très poétique, métaphorique », continue-t-elle. « Là, c’est très concret. Ça se passe en quadri-frontal, dans un lieu très spécifique et contextualisé. En rentrant dans la salle, les spectateurs vont très vite comprendre où ils se trouvent », sourit-elle.


Du côté d’À Bon port (11/03, à partir de 12 ans), le directeur de lecture Charles Leckler et la flûtiste Lisa Meignin se penchent sur l’épopée de P’tite Croûte, enfant enlevé par Mô, un adolescent, et destiné à devenir soldat. « Laurent Contamin est un auteur qu’on lisait pas mal », reprend Logan Person. « Dès le départ, le public est complice de Mô. On est en haleine, on est partisan du mal et on le voit [peu à peu ému] par le jeune garçon. » Pour cette proposition, les apprentis scénographes opposent l’univers de l’enfance à la brutalité du monde adulte et à la guerre, se servant par exemple de mobiles à suspendre au-dessus des berceaux. À ce niveau, « c’est l’un des spectacles les plus abstraits », assure-t-il. Houaria Kaidari souligne aussi que le directeur de lecture tire profit de l’une des règles propres aux comédiens pour retranscrire le plus fidèlement possible l’ambiance de la pièce : « Ils ne peuvent pas se déplacer pendant la lecture. […] Charles Leckler ne voulait pas qu’ils soient assis confortablement, et s’ils sont assis, ils doivent rester en alerte », termine-t-elle. 


Au Taps Laiterie (Strasbourg) du 11 au 15 mars

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