Le fait divers derrière Je crois que dehors c’est le printemps
Gaia Saitta et Giorgio Barberio Corsetti mettent en scène Je crois que dehors c’est le printemps, pièce inspirée d’une dramatique histoire vraie.
En 2011, Irina Lucidi a 44 ans. Mariée à Matthias Schepp, elle vit avec lui, en Suisse. Ils ont deux jumelles de 6 ans : Alessia et Livia. Le 30 janvier, son époux et ses filles disparaissent. Trois jours plus tard, le père se donne la mort, en Italie, se jetant sous un train. Quant aux deux enfants, Irina ignore ce qu’elles sont devenues. Les médias s’emparent rapidement de son histoire, qui ne lui appartient plus. Quatre ans plus tard, elle donne sa version des faits dans un livre, Je crois que dehors c’est le printemps, écrit par Concita de Gregorio, journaliste et figure de la littérature italienne. La comédienne et metteuse en scène Gaia Saitta arrive dans la boucle en 2018. Elle rencontre la mère de famille et veut s’emparer de son témoignage. Aux côtés de Giorgio Barberio Corsetti, ils adaptent les pages de l’autrice dans un seul en scène bouleversant. Gaia se glisse ainsi dans la peau d’Irina et convie une partie des spectateurs à prendre part à la représentation. Qu’ils soient installés aux quatre coins du plateau sombre ou aux premiers rangs des gradins, une caméra les filme parfois, renvoyant leur image sur un panneau placé en fond de scène, alors qu’ils incarnent brièvement une psychologue, un policier, une juge ou le procureur général.
Dès les premières minutes, la comédienne campe une protagoniste qui, très vite, se confie sur la spirale destructrice dans laquelle elle s’est embarquée. Irina fait la connaissance de son conjoint au travail. Après un an de relation, elle tombe enceinte, et ils se marient. Sitôt cette introduction faite, Gaia Saitta griffonne une question sur un post-it, qu’elle colle sur une table transparente. En-dessous, une autre caméra retransmet, en direct, cette image sur un deuxième écran. « Pourquoi je me suis mariée avec Matthias ? ». L’interprète avoue qu’elle n’a jamais vraiment été amoureuse de cet homme. Puis, elle explique à quel point il s’est révélé psychorigide et sociopathe, allant jusqu’à coller des petits papiers colorés, partout dans leur maison, pour lui indiquer comment faire les choses – comment allumer la lumière de la salle de bain, dans quel ordre enfiler les vêtements de leurs filles, etc. « Une forêt de règles » qui lui permettait d’exercer son emprise, sans jamais avoir levé la main sur elle. « C’était un autre type de violence. J’ai commencé à avoir peur de ses silences », admet-elle. Malgré ses tentatives pour arranger les choses, elle finit par demander le divorce… La suite, on la devine. Tout au long du spectacle, Gaia Saitta retrace le parcours d’une femme qui, par tous les moyens, s’acharne à réunir des indices afin de faire éclater la vérité, tout en essayant de se raccrocher à la vie et, paradoxalement, à l’amour.
À La Filature (Mulhouse) du 5 au 7 décembre et au Taps Scala (Strasbourg) du 10 au 12 décembre 2024