Le XXe siècle en Europe à travers Douze mille objets au Museum der Kulturen

Masques du Masken Märchler Rölli de von Schwyz (1875-1900) © Museum der Kulturen

Douze mille objets explore Les Débuts de la collection Europe du Museum der Kulturen, faisant parler des centaines d’artefacts.

Dès le début du XXe siècle, le Museum der Kulturen, fondé en 1893 – date de la première réunion de la Commission ethnographique –, alors intégré dans le Museum der Stadt Basel (Musée de la ville de Bâle), commence à réunir une collection d’ethnologie européenne qui compte, quelque trente ans plus tard, 12 000 objets, tous scrupuleusement consignés dans le Journal des entrées (1904-1936). D’une écriture soignée, le directeur d’alors, Eduard Hoffmann-Krayer, a donné à chacun un numéro, précisant, quand c’était possible, son origine. En 2024, on a découvert qu’il a même versé dans la collection l’un de ses propres costumes, façonné en 1924 par le tailleur bâlois Heusser. Au début du parcours, le visiteur peut feuilleter un fac-similé de cet imposant registre pour comprendre comment les différentes pièces conservées sont arrivées là, qui les a données, échangées ou vendues… Interrogeant la provenance, l’exposition narre des trajectoires originales, donnant une voix aux objets… puisqu’on peut même les écouter (!), les découvrir dans des BD et chatter avec cinq d’entre eux !


Dans un parcours imposant composé de 370 beurriers, moules à fromage, peignes, quenouilles, ancres, etc., l’exposition illustre aussi ce que fut la vie en Europe au début du XXe siècle, explorant différentes coutumes, avec notamment d’étonnants masques de carnaval représentant le Märchler Rölli de Schwytz ou des “bois à encoches”, reflétant une dévotion pleine de simplicité dans les années 1920. L’un d’eux, appartenant à une petite fille du canton d’Uri, en compte 41 qui correspondent au nombre de fois où elle récita le Notre Père pendant l’Avent… afin d’être sûre de recevoir de beaux cadeaux. Le soir de Noël, il était offert à l’Enfant Jésus. Se déploient aussi un sacré lot d’animaux sculptés, quelques toupies ou encore une cataracte d’amulettes destinées à conjurer le mauvais sort… Parmi plus de 130, une patte de rapace allemande, une dent d’animal associée à un morceau d’ambre gravé de signes magiques venu d’Auvergne ou une étrange composition avec des coquillages, en provenance de Serbie… Du même pays est originaire un rare kringel, rond de pâte fabriqué par une gitane à partir de lait maternel et de farine, supposé agir comme philtre d’amour. On reste également scotchés devant la délicatesse et la beauté d’Oiseaux de paix fabriqués par des soldats russes dans un camp de prisonniers allemand, vers 1915 : volatiles de bois et de métal aux ailes crénelées, ils volètent, tels de fragiles messagers d’espoir dont nous avons plus que jamais besoin.


Au Museum der Kulturen (Bâle), jusqu’au 27 avril 2025

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