Action & vérité
Le festival Musique Action, organisé par le CCAM de Vandœuvre-lès-Nancy, fête 30 ans d’explorations sonores. Au programme, de l’underground égyptien, un brûlot politico-musical et autres discours sonores.
« On ne va pas forcément mettre les petits plats dans les grands » à l’occasion de cette édition anniversaire, prévient Dominique Répécaud, directeur du festival. Dans la continuité artistique des années précédentes, Musique Action, qui propose un très fort pourcentage de créations originales, poursuit ses prospections dans le domaine des sons contemporains : « Certains projets relèvent du théâtre, d’autres de la musique improvisée issue du free jazz, de l’électronique, de l’électroacoustique… toutes les catégories musicales qui s’intéressent de près à l’expérimentation, sont représentées. » Rassemblant des artistes de dimension internationale et des musiciens émergents, parfois de la région, la manifestation se tourne sur son passé et convie des figures importantes. « Il ne s’agit pas forcément des superstars que nous avons invités comme Heiner Goebbels, John Zorn, Fred Frith ou Marc Ribot, mais de personnalités emblématiques qui ont marqué notre histoire : le chanteur anglais Phil Minton, le français Albert Marcœur, le pianiste anglais John Tilbury ou l’électroacousticien Michel Chion. D’immenses artistes qui témoignent, avec leur engagement et leur pertinence, de notre ligne. »
Un fécond dialogue entre maîtres du passé et jeunes pousses (comme l’Ensemble Dedalus et le collectif Muzzix reprenant le génial Moondog). Une alternance de styles et de générations. Des rencontres surprenantes, avec un petit vent oriental grâce au groupe Egyptian Female Experimental Music, quatre jeunes égyptiennes qui prouvent qu’une scène underground – et féminine – existe au Caire. Pour Dominique Répécaud, « il est important d’accueillir cette formation afin de faire savoir au monde occidental que, malgré les difficultés politiques et sociales traversant le pays, il y a une vie extrêmement intense et une musique expérimentale qui s’y développe. » Armées de laptops, Asmaa, Jacqueline, Hagar et Ola manipulent les sons et organisent un Printemps arabe électronique en Lorraine.
Autre projet ayant une forte résonnance politique, celui du Collectif Inouï avec un spectacle basé sur des textes de Naomi Klein ou d’Eric Hazan. Porté par le percussionniste Guigou Chenevier, accompagné de musiciens, poètes et plasticiens, L’art résiste au temps dénonce « les phénomènes inquiétants de l’évolution de la mondialisation ». Entre théâtre sonore et concert rock, cette « forme radicale » est mise au service « d’un discours antimondialisation, dynamique et revigorant… dont l’humour n’est pas absent. »
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