Douce France
Avec l’extraordinaire soprano Annick Massis, l’Orchestre symphonique de Mulhouse propose un programme dont le pivot est le XIXe siècle français, composé de rares pages d’Auber, Massenet, Reber…
Sous la baguette de Laurent Campellone, l’Orchestre symphonique de Mulhouse s’engage aux côtés de l’association ColineOpéra proposant un excitant concert avec la soprano Annick Massis (sur les deux soirées mulhousiennes, elle ne participera qu’au concert du samedi 5 avril, puis à celui donné à Paris, à l’Opéra Comique, mercredi 9 avril), une des plus belles voix de la scène lyrique, et le ténor Michael Spyres que l’on vit récemment, éblouissant, dans Guillaume Tell de Rossini à La Monnaie de Bruxelles. Le temps d’une soirée, nous voilà transportés dans l’univers de l’opéra français du XIXe siècle, une époque où Paris vibrait au rythme de l’art lyrique. Nous entendrons des airs et duos tirés de La Dame blanche de Boieldieu, Roméo et Juliette de Gounod ou encore La Juive de Halévy, œuvre dans laquelle Annick Massis fit preuve d’une présence, d’une émotion et d’une maestria incroyables à l’Opéra Bastille, en 2009. Également au menu, l’ouverture de La Muette de Portici d’Auber permet de découvrir une pièce qui n’est plus guère montée, alors qu’elle se répandit comme une traînée de poudre en Europe après sa création en 1828. Dans un contexte pré révolutionnaire, le sujet – le soulèvement du peuple napolitain contre les Espagnols en 1647 – et son traitement extrêmement dramatique (avec le Vésuve en éruption) avaient, il est vrai, tout pour séduire. En août 1830, à Bruxelles, le duo Amour sacré de la patrie fut même l’étincelle qui mit le feu à la révolution belge aboutissant à l’indépendance du pays. Plus paisible est l’œuvre suivante, La Méditation de Thaïs de Massenet, intermède symphonique de l’opéra éponyme (1894).
La soirée s’achèvera avec la Symphonie n°4 de Napoléon Henri Reber (1807-1880), compositeur natif de Mulhouse qui fut notamment le professeur de Massenet au Conservatoire de Paris. Si le musicien a quelque peu disparu des radars aujourd’hui – à peine le connaît-on encore pour son Traité d’harmonie, véritable bible – il fut un auteur prolifique. On lui doit un ballet, Le Diable amoureux, de multiples partitions chambristes, plusieurs opéras bien oubliés aux titres croquignolets (comme Les Papillotes de monsieur Benoist) et quatre symphonies. Programmée dans ce concert, la quatrième possède des accents tout beethovéniens, faisant quelques délicates allusions à Mendelssohn et aux musiques populaires françaises.
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