Dans À mon seul désir, Gaëlle Bourges abat tous les masques en donnant à penser les conditions de la mise à nu des femmes dans l’art.
Au milieu des années 2000, elle a travaillé dans un théâtre érotique, fascinée par ce que la nudité provoquait, avide de comprendre ce qui se jouait dans le corps féminin au sein de la société. Depuis, le nu peuple les pièces de Gaëlle Bourges, chorégraphe travaillant consciemment à une critique des représentations des femmes dans l’histoire de l’art. À mon seul désir part des six panneaux de La Dame à la licorne, tissés à la fin du XVe siècle, qui forment une allégorie des cinq sens, agrémentés d’un sixième, toujours mystérieux. Cette “tapisserie aux milles fleurs”, comme son bestiaire (licorne, lion, renard, et nombreux lapins…), se retrouve sur scène : devant une tenture rouge garance, et ses fleurs à accrocher, quatre femmes ne sont vêtues que d’un masque animal. Au centre de l’attention, la licorne, symbole de sauvagerie, ne se laissant approcher que par de jeunes vierges. Ce fantasme de pureté, pivot de l’emprisonnement féminin révélant un désir de contrôle, autant qu’un contrôle du désir. Lentement, notre quatuor essaime dans une farandole fantaisiste et fantastique, touchant au ré-empouvoirement de chacune.
Au Centre culturel André Malraux (Vandœuvre-lès-Nancy) lundi 15 et mardi 16 avril
centremalraux.com
> « Les nus qui fâchent », conversation avec Gaëlle Bourges, lundi 8 avril (18h, entrée libre) en la chapelle de l’École de Condé (Nancy)