Festspielhaus Baden-Baden : l’édition 2024 du Festival de Pâques

Kirill Petrenko © Frederike Van der Straeten

L’Orchestre philharmonique de Berlin investit Baden-Baden pour un Festival de Pâques du Festspielhaus à l’exaltante programmation.

Après une très réussie Femme sans ombre la saison passée, les Berliner Philharmoniker et Kirill Petrenko poursuivent leur parcours dans l’œuvre de Richard Strauss, à l’occasion de leur résidence pascale à Baden-Baden, par Elektra (23, 26 & 31/03). Avec un incroyable casting, la production mise en scène par Philipp Stölzl – qui œuvre aussi bien à Bregenz pour un génial Rigoletto que pour des clips de Madonna comme American Pie – s’annonce sous les meilleurs auspices. Sidérante dans le rôle-titre, la légende Nina Stemme – qui l’a chanté sur nombre de scènes prestigieuses depuis ses débuts au Met, en 2016 – donne la réplique à Michaela Schuster (Clytemnestre), dont on connaît l’élégance du timbre et la force dramatique, dans un dialogue en forme de psychodrame paroxystique entre fille et mère. La sœur d’Électre, Chrysothémis, est incarnée par l’incandescente Elza van den Heever. Voilà trois femmes puissantes au service d’un opéra entraînant le spectateur aux confins de la folie, dans le tourbillon de la tragédie des Atrides, avec lequel le compositeur entre de plain-pied dans la modernité, grâce à une partition qui est autant un coup d’éclat, que de poing !

Festspielhaus Baden-Baden
Festspielhaus Baden-Baden : Nina Stemme (Elektra) © Neda Nevaee

On retrouve le directeur musical à la tête de ses troupes pour un Gala Wagner (25/03) et un Concerto pour violon de Sibelius (29/03 & 01/04) annoncé d’anthologie, puisqu’il est interprété par Lisa Batiashvili. La virtuose géorgienne magnifiera assurément cette page à l’altière sobriété, écrite dans la solitude champêtre d’Ainola, la maison du compositeur finlandais. S’y rencontrent une mélancolie romantique aux accents nordiques – ce sentiment étreignant l’âme de manière si particulière au cœur du sombre hiver – et quelques étincelles lumineuses fulgurantes, réminiscences méditerranéennes, lointains échos du séjour du compositeur en Italie. Cette pièce entre en résonance avec la Symphonie n°4 de Brahms, automnale, inquiète et tourmentée, nimbée d’une noble noirceur et d’une intense mélancolie. Parmi les autres propositions du festival, un bouquet de concerts chambristes des musiciens de la prestigieuse phalange voisine avec une autre soirée événement : à la tête des Berliner, Tugan Sokhiev (24 & 30/03) fait se croiser Beethoven (son Concerto pour piano n°3 par Jan Lisiecki) et Bruckner. Utilisée par Luchino Visconti dans Senso, sa Symphonie n°7 convoque le souvenir de Wagner dans le mouvement lent, cueillant l’auditeur dès les premières mesures par un thème d’une longueur inhabituelle, qui semble naître du silence pour s’élancer vers l’infini, donnant le tempo d’un magistral voyage intérieur. 


Au Festspielhaus (Baden-Baden) du 23 mars au 1er avril
festspielhaus.de

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