La Mécanique de l’eau et Illusions rassemblent d’anciens et de nouveaux Talents Contemporains de la Fondation François Schneider.
Initié il y a onze ans, le concours Talents Contemporains distingue chaque année quatre artistes dont les créations explorent le thème de l’eau : une de leurs œuvres entre alors dans la collection de la Fondation François Schneider qui rassemble aujourd’hui quelque 80 pièces. Sept anciens lauréats ont été regroupés pour La Mécanique de l’eau, ensemble d’étranges machines à l’image de Dark Rain (2012) de Valère Costes : son dispositif ingénieux – fait de tiges métalliques verticales alimentées par un moteur et de moules en silicone – inverse le paradigme de la pluie qui ne tombe pas d’en haut, mais vient d’en bas. Voilà bizarre, ludique et fascinante mousson en miniature. Tout aussi intrigant est Mash-up (2019) de Thomas Teurlai : une platine, où tourne un vinyle, sur laquelle coule de l’eau, est accrochée de guingois dans une cabine de douche secouée de flashes stroboscopiques illuminant la pénombre. Nous sommes confrontés à la vision vibrante d’un opéra trash. À moins qu’il ne s’agisse des déflagrations névrotiques d’une soirée electro. Le visiteur reste en tout cas hypnotisé devant ce dispositif dont les Harmoniques aquatiques (2014- 23) d’Érik Samakh sont l’exact opposé. Suspendues au-dessus d’un miroir d’eau, sept longues cannes génèrent un sentiment de vertige lorsqu’on regarde leur reflet se perdre dans l’onde. En dressant l’oreille, de subtiles vibrations sonores emportent dans un au-delà onirique et contemplatif. Du même auteur, Planter des sources 2 (2013) est une machine mystérieuse – dont les entrailles sont pourtant visibles dans un bloc de plexiglas – captant l’humidité de l’air pour la métamorphoser en eau potable.
Toute aussi cohérente est la seconde exposition présentant les quatre lauréats de la 11e édition du concours, rassemblés sous l’étendard des Illusions : les toiles énigmatiques de Marie-Anita Gaube – comme Can’t run away from yourself (2020) avec ses multiples fils de narration aquatiques – y croisent Le Monde après la pluie (2020), vidéo apocalyptico-onirique d’Eva Medin, ou les paysages in vitro de Sarah Ritter (Les Vagues scélérates, 2021). Plus angoissantes sont les photographies de M’Hammed Kilito : Hooked to paradise (2021) est un polyptique de cinq clichés issus du projet Before it’s gone illustrant la dégradation des oasis au Maroc et son impact sur les habitants. L’artiste y montre un royaume chérifien desséché : entre dernier regroupement de palmiers, ultimes résistants à l’avancée du désert et visions de désolation, l’eau brille ici par son absence…
À la Fondation François Schneider (Wattwiller) jusqu’au 10 mars