Liste Bertrand Burger (divers droite)

Quel bilan pour la culture dans votre ville ces six dernières années ?

En termes positifs, la Ville de Colmar a beaucoup investi dans la pierre. Et ce, principalement pour le Pôle Média-Culture, le Centre Europe et l’extension du Musée Unterlinden.  En termes négatifs, l’humain a en revanche été clairement oublié. Quid des moyens pour le fonctionnement de ces structures ? Quid du réel contenu culturel ?  Quid des horaires d’ouverture au public ?

Plusieurs questions demandent en outre encore à être posées. Cinéma, jazz, musique, nos festivals sont ils vraiment des Festivals ? Une salle accueillant les musiques d’aujourd’hui comme le Grillen ne mérite-t-elle pas d’être dotée d’un mode de gestion plus professionnalisé ? L’Espace Malraux dédié à l’Art Contemporain n’a-t-il pas vocation à organiser des happenings, afterworks et autres projets originaux pour contribuer à façonner l’identité moderne de notre ville ?

Enfin, Colmar, ville de Bartholdi, ouverte sur le monde, se doit, à travers ses festivals redéfinis et son musée d’Unterlinden rénové, de prétendre davantage à l’excellence et au rayonnement international.

Quels axes de politique culturelle souhaitez vous mener en cas de victoire aux Municipales ?

La politique culturelle que nous entendons mettre en œuvre repose sur les axes suivants :

– Priorité accordée à la démocratisation culturelle. Nous instaurerons une politique d’incitation et de communication adaptée au plus grand nombre en lançant une carte culture pour tous, un site internet ouvert à tous les acteurs de la vie culturelle locale, des espaces internet haut-débit. Nous procéderons à une mise en réseau des salles avec planning de réservation mutualisé et harmonisation des horaires et tarifs de nos établissements culturels. Nous restituerons la parole aux associations, organiserons un débat culturel, renforcerons le lien culture et solidarité, apporterons un soutien logistique et financier aux projets des jeunes, et encouragerons les pratiques culturelles amateurs en musique comme en arts plastiques.

– Aide accrue à la création et à l’éducation artistique.  Nous créerons des résidences d’artistes, lancerons des commandes publiques et des prix artistiques et développerons des synergies entre l’école de musique, l’atelier d’arts plastiques et les institutions locales, la Comédie de l’Est, le musée Unterlinden et l’Université.

– Valorisation du patrimoine bâti et non bâti  à travers une confrontation avec des réalisations artistiques contemporaines, l’optimisation des lieux et des espaces urbains et la mise en synergie des musées locaux avec la bibliothèque du Patrimoine.

– Présence hors les murs, transfrontalière notamment, avec un développement des échanges culturels et des coproductions avec Fribourg-en-Brisgau, trop longtemps négligée et une ouverture sur le monde via le Festival de Musique et le musée Unterlinden rénové.

Quel serait alors le projet culturel emblématique de la mandature à venir ?

Notre axe n°1 est d’accorder la priorité à la démocratisation culturelle. Peu spectaculaire en apparence, ce projet n’en est pas moins  essentiel.  Surtout par temps de crise.

La crise a fait fondre les budgets culturels dévolus par les collectivités territoriales : comment répondre à cet état de fait ?

En temps de crise, la culture ne doit pas être sanctuarisée.  Pas de pancartes «Stop, on ne touche pas à la culture ! ».  Il convient de mener une réflexion approfondie sur ce que la culture apporte collectivement aussi bien qu’individuellement.

Puisque tout ne peut pas être financé, le moment est peut-être venu pour les collectivités de repenser l’aide à la culture non pas en la réduisant mais en la répartissant différemment. Il convient sans doute d’arrêter le saupoudrage rentable à court terme (électoralement), mais dénué de vision d’ensemble et d’objectifs à long terme.

Il est de même urgent de faire le point et de dialoguer avec l’ensemble des acteurs du monde culturel lors d’un débat qui accepte de regarder sans fard ce qui a été fait jusqu’ici pour arrêter les grandes lignes d’une politique culturelle future pluriannuelle adaptée au contexte de crise actuel.

Parmi les priorités culturelles, la préférence doit être donnée à la démocratisation culturelle, à l’éducation artistique, aux actions transversales avec l’éducation nationale, le sport et le secteur social.

Il importe de rester en tout point flexible, de s’interroger, avant de lancer un projet, sur son enjeu, sa portée économique mais aussi sociale et éducative.

Comment la culture peut-elle encore constituer un levier de croissance ?

La culture peut permettre de créer des emplois dans l’économie du tourisme et de la gastronomie notamment. Les régions à tradition culturelle forte et au patrimoine riche sont celles qui continuent à générer de l’emploi et des activités. En Alsace, on compte 1,5 millions de visiteurs au Mont Saint-Odile, 550 000 au Haut Koenigsbourg, 200 000 au musée Unterlinden. Quels en sont les effets induits ? Combien d’argent est-il dépensé sur place ? Les marchés de Noël en Alsace, qui reposent sur la mise en valeur d’un patrimoine culturel indéniable, sont aussi une aubaine économique pour les communes visitées par les millions de touristes attirés. Sans compter que les touristes qui découvrent l’Alsace à cette occasion reviennent à d’autres moments de l’année. C’est un phénomène classique que nous retrouvons, par exemple, au «Louvre» de Lens ou au centre Pompidou de Metz.

Mais, par-delà, cette dimension économique, nous aimons voir la culture comme un moyen de :

– Renforcer le lien social dans le cadre du développement urbain. Notre but est de ne laisser personne en chemin mais de raisonner en ouvrant la gestion des affaires culturelles sur des notions de culture et solidarité y compris entre générations, culture et santé, culture et handicap, cultures étrangères, culture et marginalité.

 

– Ouvrir son regard sur l’autre et apprendre à le voir pour ce qu’il est, non pas l’ennemi mais une personne d’origine différente et pourtant porteuse de culture, de sa propre culture qui, une fois qu’on consent à la connaître, a des qualités semblables à la nôtre. Pour ne pas tomber dans le piège du repli sur soi, du nationalisme étriqué, de l’exclusion et de la violence.

 

C’est pourquoi, nous nous donnons la mission de permettre à ceux qui n’en ont  pas les moyens aujourd’hui d’accéder aux biens culturels grâce au travail des médiateurs culturels et sociaux ou des services pédagogiques des musées et des médiathèques.

 

L’histoire nous livre cette heureuse leçon qu’en temps de crise, la culture continue et la création n’est pas moindre. Souvenons-nous, par exemple, de la fameuse exposition 1917, il y a quelques années, au musée Beaubourg de Metz, qui a montré combien, en France comme en Allemagne, la création artistique et la vie culturelle étaient intenses dans les pays belligérants.

L’éducation à la culture constitue l’assurance d’un débat possible, de distance critique, d’horizons nouveaux, de découvertes, de raisons d’espérer et de préparer l’avenir.

 

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