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Créateur de projets pour les collectivités et de logements sociaux, Christian Plisson, de l’agence Mongiello & Plisson, a récemment restructuré le Centre Europe à Colmar qui rayonne vers la ville. Focus sur un architecte de la modestie qui revendique des réalisations inscrites dans la cité et se bat contre l’idée d’une « architecture logo », tape à l’œil.
Le Centre Europe est à la fois un espace socioculturel, une bibliothèque, un ensemble de studios de répétition et une grande salle de spectacle – de 300 places assises avec gradins rétractables – dont se charge Joëlle Jurkiewicz. Elle évoque une « programmation pluridisciplinaire avec un accent sur les écritures contemporaines, les compagnies régionales » et une préférence pour les spectacles de cirque, « car nous privilégions le langage véhiculé par le corps ». Le bâtiment s’inscrit « dans le plan de rénovation de très grande envergure » d’un quartier dit “difficile”. Afin de l’ouvrir vers la ville, Christian Plisson, chargé de la rénovation et de l’extension, a inversé l’entrée de l’ancien centre socioculturel, passant de l’Est vers l’Ouest : la double ambition de cette salle est d’attirer la population des alentours, « qui n’a pas forcément coutume de fréquenter les lieux culturels », mais aussi de toute la ville, grâce à des propositions innovantes ayant « plusieurs niveaux de lecture ». Désenclaver le quartier Ouest de Colmar, s’ouvrir à tous les publics et à toutes les formes : tel est le vœu de Joëlle Jurkiewicz qui définit la construction rougeoyante et lumineuse comme « un superbe outil, d’excellente qualité, notamment acoustique. Attractif avec son parvis où se trouvent les sphères de Vladimir Skoda, il s’inscrit de manière harmonieuse dans le paysage urbain. C’est un bâtiment qui n’est pas intimidant, qui décomplexe l’utilisateur. » Sa restructuration a, selon Christian Plisson, notamment consisté à le « faire respirer en redonnant à ses différents pôles de l’espace et de la lumière naturelle ». Cette bâtisse repérable de jour comme de nuit, se veut comme « un signal, une lanterne », reprenant, sur le parement métallique perforé qui le recouvre, le motif des hublots, déjà présents à l’origine.
Changer la ville
Par ailleurs secrétaire général de la Maison européenne de l’Architecture, Christian Plisson cite le Bâlois Michael Alder : « “Pour faire de l’architecture, il faut aimer les gens”. En toute modestie, nous essayons de répondre à leurs attentes. » Son agence, qui a réalisé le siège de CUS Habitat et d’Habitation moderne à Strasbourg (203, repérable par ses pixels colorés, faisant « vibrer » les façades), a toujours ce souci « de travailler avec les gens et de leur donner du confort, mais aussi de s’inscrire dans la géométrie de la ville, de penser que le vide (la place, la rue…) est aussi important que le plein (ce que fait l’architecte). Nous participons à la définition de la cité. En cela, je refuse de produire des “architectures objets“ ou “logos”, des bâtiments qui gesticulent sans être en rapport direct avec leur environnement, des manifestes formels qui nient les quartiers. Tout projet ne mérite pas d’être un grand monument ! » Au moment de la réhabilitation de La Fonderie à Mulhouse (2007, bâtiment qui accueille l’Université de Haute-Alsace et la Kunsthalle), Christian Plisson et son équipe ont eu une « démarche urbaine », se souciant « de la position du parvis, de la relation au quartier et du fonctionnement interne de l’édifice ».
Changer la vie
Depuis son projet de diplôme, qui avait pour thème Changer la ville, changer la vie, l’architecte tente, en tenant compte des nombreuses contraintes (normes coercitives, coûts bas et surfaces réduites) de proposer, pour des logements collectifs, les qualités de l’individuel : « De belles vues, de l’espace, un accès vers l’extérieur avec de la végétation et des échelles où le lien social puisse se développer », dit-il en souhaitant notamment que les locataires de ses vingt-six logements HLM, à Illzach (2010), « aient l’impression d’être des privilégiés ». Tous les projets signés avec son associé Mongiello donnent autant d’importance « au territoire qu’à la cellule. Il est essentiel de bien définir les espaces extérieurs publics, les communs et la partie privée. Chacun d’entre eux doit être pensé, même le local vélo », avance-t-il avec un sens aigu du détail.
Trente-cinq ans d’activité et pas de « bibliothèque de recettes » transposables à envi pour une agence qui essaye d’expérimenter des solutions et d’adapter ses propositions en fonction des programmes. « Le traitement des façades des logements d’Illzach, par exemple, est lié au contexte industriel. Nous avons cependant toujours cette même approche qui consiste à façonner quelque chose à partir de l’environnement et de l’individu. Je défends une architecture populaire.
Centre Europe, 13 rue d’Amsterdam à Colmar 03 89 30 49 09 – www.colmar.fr
10 rue d’Orbey à Colmar
03 89 80 77 87