Gand de velours
L’artiste flamande An Pierlé nous convie à vivre des Strange days en sa compagnie, le temps d’un album piano / voix où la sobriété est de mise et d’une tournée intimiste qui passe par chez nous.
En quoi consiste le titre grandiloquent de “Compositrice officielle de la Ville de Gand” ?
Durant deux ans, j’ai fait d’innombrables collaborations avec des musiciens gantois, mais aussi des étudiants en art, partout dans la ville. J’ai également composé la sonnerie du carillon du beffroi : ma mélodie est jouée toutes les heures !
« Ne pas tout remplir, c’est laisser de la place à l’imagination », nous disiez-vous déjà en 2002, à l’époque d’Helium Sunset. C’est encore plus vrai avec votre dernier album…
Le silence colore la musique, le vide amplifie les détails des sonorités ou des mots chantés. Strange days est très ouvert : les gens peuvent y projeter leurs propres histoires.
Vous faites une reprise de Such a shame de Talk Talk. Êtes-vous admirative de la démarche de son leader, Mark Hollis, de son économie de moyens ?
Je l’adore. J’aime beaucoup les derniers albums de Talk Talk, ils sont magnifiques, plein d’émotion. Mark Hollis est un de mes artistes favoris : il fait des morceaux très calmes, mais toujours proches de l’explosion.
Vous composez toujours à la maison, de manière artisanale, en laissant les choses arriver doucement à maturation ?
J’ai appris à mieux gérer mon temps. Je me force à travailler, à provoquer l’inspiration. Avec des deadlines strictes, je suis capable de sortir une chanson en une demi-heure.
Notre époque est-elle si étrange ?
Il se passe tellement de choses bizarres, très laides, en ce moment dans le monde que j’ai envie d’agir – à mon échelle, car je ne joue pas au Stade de France – en composant des chansons qui touchent les gens, qui le consolent.
Se retrouver seule sur scène pour cette tournée, c’est une prise de risque, un saut dans le vide sans filet ?
Non car j’ai commencé comme ça il y a une quinzaine d’années. J’avais envie de retrouver cette énorme liberté d’être seule, avec mon piano, face aux spectateurs, comme dans un living room. C’est physiquement un peu lourd, mais le public me transmet beaucoup d’énergie en échange.
Vous qui êtes gourmande, quel plat votre musique accompagnerait-elle, idéalement ?
Vous imaginiez un repas léger ? Je verrais plutôt de bonnes frites belges cuites bien comme il faut !
08 05 710 700 À Schiltigheim, au Cheval Blanc, vendredi 14 mars Dernier album, Strange days, édité par Pias