Avec Mimèsis, le Centre Pompidou-Metz explore Un Design vivant. Quelque 400 pièces reflètent la fascination pour la nature de leurs créateurs, dans un parcours d’une belle densité.
Concept originellement platonicien, la Mimèsis a connu de nombreux avatars au fil des âges : dans cette exposition, il est possible de découvrir comment les designers ont dépassé l’imitation (traduction littérale du terme grec) de la nature, pour proposer de véritables artefacts poétiques correspondant à une recréation du vivant dans sa dynamique de croissance. La première salle plonge le visiteur dans le bain de la contemporanéité, montrant notamment la révolution opérée par les logiciels de simulation et l’impression 3D. Grotto II (2016) de Michael Hansmeyer – où il revisite les rocailles exubérantes de la Renaissance avec des techniques de pointe – voisine avec Crystalized Chair_Venus de Tokujin Yoshioka (2008). Une simple structure plongée dans une solution minérale se voit couverte d’une prolifération aléatoire et auto-générative de cristaux d’un blanc éclatant à l’inquiétante beauté, champ quartzeux au mille et un éclats acérés questionnant la notion même de siège. Bien plus accueillants sont les lignes courbes d’un espace consacré aux Modernes, dont l’intitulé se passe de commentaires : Biomorphisme. Le design organique d’Alvar Aalto (avec sa très épurée Chaise longue n°39, 1936) y côtoie les créations de Charlotte Perriand, qui capte la force de la matière, ou la Chaise DCW (1946) de Charles & Ray Eames, reflet des préoccupations d’un couple souhaitant combiner production de masse et confort.
Suivent les Natures artificielles de l’ère pop : hédonisme floral du Fauteuil Peacock (1960) de Verner Panton, glamour sixties du Fauteuil 577 (1967) de Pierre Paulin – la célèbre “langue” évoquant certaines oeuvres de Jean Arp –, designer star des années Pompidou, ou encore l’enveloppant Canapé Bazaar (1969-70) du Superstudio, au kitsch assumé, qui induit une critique de la société de consommation. Les couleurs claquent dans des compositions aux formes libérées utilisant les nouveaux matériaux (mousses de polyuréthane, plastiques…). Des luminaires biomimétiques de Serge Mouille au néo-primitivisme d’Andrea Branzi (Tree 5 interroge ainsi le devenir d’un monde postindustriel en 2010), le parcours est fascinant et culmine, à notre sens, avec les Rêveries urbaines (2016) de Ronan et Erwan Bouroullec. Voilà excitantes maquettes, qui sont autant de réflexions sur l’aménagement de l’espace public. Installées sur de longues tables, ces mirages déclinent en effet des formes idéales possibles pour la cité : une forêt suspendue, une douce pergola prenant un aspect nuageux… Certains de ces prototypes visant à réenchanter le monde ont, du reste, fait l’objet de réalisations.
Au Centre Pompidou-Metz jusqu’au 6 février
centrepompidou-metz.fr