Pilier du collectif parisien L’Entourage, Deen Burbigo reste fidèle à sa vision d’un rap brut, loin des toplines et de l’autotune.
Il est né à la fin des eighties et appartient à cette génération inspirée par l’esprit rap des origines quoique ancrée dans la contemporanéité, exigeante dans sa vision et polyamoureuse de la rime. Avec ses collègues du crew L’Entourage, Deen Burbigo (prononcez “beur-bigo”, autrement dit téléphone arabe) a fait ses armes dans les Rap Contenders parisiens des années 2010. Aux côtés de Nekfeu, Alpha Wann et Jazzy Bazz, le Toulonnais – à l’époque fraîchement débarqué dans la capitale et étudiant en Histoire – peaufine un style couplant rigueur technique et sujets plutôt terre-à-terre, entre embûches du quotidien et petites galères, prenant alors le contre-pied d’un courant musical qui glorifiait à outrance la vie de ghetto. Il faut dire qu’avant d’être dans le rap, Mikael Castelle (le vrai nom de ce fils d’un militaire et d’une horticultrice) était dans l’intérim : plagiste, plâtrier, bagagiste, vendeur en magasin, plongeur de restaurant… « Putain mais quelle vie ! Je sors du pôle emploi et on me demande un selfie », scandait-il ainsi sur Retour en Arrière, titre emblématique de son premier album, Grand Cru (2017), soulignant avec un humour non dénué de cynisme la démesure d’une ère numérique où les millions de vues et la célébrité sur YouTube contrastent souvent avec les réelles rentrées d’argent.
Placements au millimètre, textes pointilleux et prods érudites : Deen Burbigo rappe pour les rappeurs, même si sa discothèque personnelle va de Kaaris à Brel, en passant par Brassens, Aznavour, Peter Tosh ou Aretha Franklin. Respectivement sortis en 2020 et 2021, ses disques Cercle vertueux et OG SAN confirment la veine brute dans laquelle il s’inscrit, avec des morceaux au flow acéré, plein d’assonances et d’allitérations mais souvent sans refrain chanté. Point de revendications sociales chez lui – on l’a souvent reproché à Deen comme aux autres membres de L’Entourage – mais le respect de certains codes old school et la priorité donnée à l’écriture ! Une signature que l’on retrouve sur la toute nouvelle Saboteur Mixtape Vol.1, ambitieuse compilation lancée par Burbigo et Eff Gee sur leur label, réunissant pas moins de vingt-deux rappeurs, entre grands noms et jeunes pousses de talent. Si Doums et Nekfeu y croisent en effet le fer sur le beat nerveux de Quotidien (« Me parlez pas d’rue / Ils ont traficante que les vues »), on peut aussi y entendre sur l’un des meilleurs titres de l’opus (Faux G) la rising star du moment, La Fève, avec les rimes précises et le découpage insolent des syllabes qui le caractérisent.
À La Vapeur (Dijon) samedi 7 janvier, à L’Autre Canal (Nancy) samedi 11 février et au Moloco (Audincourt) vendredi 10 mars
lavapeur.com – lautrecanalnancy.fr – lemoloco.com