En créant un diptyque rassemblant l’opéra Enigma de Patrick Burgan et, quelques jours plus tard, la pièce Variations énigmatiques d’Éric-Emmanuel Schmitt, Paul-Émile Fourny questionne l’amour en toute finesse.
Au départ, il y a Variations énigmatiques (01-03/12), la pièce de théâtre d’Éric-Emmanuel Schmitt, créée au Théâtre Marigny en 1996 (avec Alain Delon et Francis Huster) et fondée sur les Variations Enigma d’Elgar, portraits de proches du compositeur britannique reliés entre eux par de subtiles passerelles. Nous voilà sur une île de Norvège, où un Prix Nobel de littérature misanthrope s’est installé. Vivant en ermite, il accepte pourtant de recevoir un journaliste, qui l’interroge sur son dernier livre, un roman épistolaire, dévoilant une correspondance avec une certaine Eva Larmor. Dans un huis clos sinueux, coups de théâtre et révélations se succèdent. Quels sont les liens des deux hommes avec cette femme mystérieuse ? Quelle est la véritable nature de l’amour ? Pour Paul-Émile Fourny, « cette pièce mettant en scène deux personnages à la sensibilité très différente est un concentré de matière théâtrale d’une belle intensité. »
Il la fait entrer en résonance avec Enigma (18-22/11), opéra de Patrick Burgan donné en création mondiale à Metz : « Le flux, à la fois physique et psychologique opéré par la multiplicité des rebondissements, trouve un parallèle immédiat dans la dynamique du discours musical », résume le compositeur, qui a choisi de faire dialoguer deux ténors, « car ces deux hommes sont beaucoup plus proches qu’il n’y paraît ». Il y ajoute une vision métaphorique de la femme, personnage central de l’oeuvre sans qu’elle apparaisse jamais, « incarnée dans un choeur féminin invisible et sans texte, qui va se démultiplier jusqu’à douze parties et hantera la nappe sonore jusqu’à la fin de l’ouvrage. » Paul-Émile Fourny a choisi d’installer ces deux productions – pièce de théâtre et opéra – dans un espace scénique à l’essence identique, montrant leur évidente parenté. Pour ce thriller psychologique, le directeur de l’Opéra-Théâtre de l’Eurométropole de Metz a créé, avec son complice Patrick Méeüs, un plateau posé sur pilotis, évocation de l’île où se déroule l’action, sur laquelle sont installées deux structures métalliques recouvertes de leds, imbriquées l’une dans l’autre : un carré et un losange. Voilà espace mental permettant une concentration des sentiments et une expression exacerbée des tensions irriguant une oeuvre qui se déroule le temps d’une nuit, étant bien entendu que la direction des acteurs et des chanteurs est au coeur du propos.
À l’Opéra-Théâtre de l’Eurométropole de Metz du 18 au 22 novembre (Enigma), puis du 1er au 3 décembre (Variations énigmatiques)
opera.eurometropolemetz.eu
Madame Pylinska et le secret de Chopin d’Éric-Emmanuel Schmitt, monologue autobiographique interprété par son auteur, sera donné les 02 & 03/02/23