L’effet papillon

Image et mémoire sont des mots qui vont très bien ensemble, selon  l’écrivain allemand W.G. Sebald, personnage central de l’exposition L’Image papillon au Mudam où l’on virevolte entre les travaux fragmentés et documentaires d’une quinzaine d’artistes.

Les photographies qui « documentent le monde » de Zoe Leonard, les images artistico-scientifiques de Jochen Lempert, les photos du site où Tarkovski tourna Stalker en Estonie, les installations de Tris Vonna-Michell mêlant enregistrements sonores (la narration de l’artiste) et projections de diapositives (des images glanées et scannées)… Les œuvres exposées au Mudam se composent de documents, de bribes, d’extraits, de pièces à convictions constituant des œuvres puzzles nous plongeant dans le passé.

Jason Dodge Darkness falls on Wolkowyja 74, 38-613 Polanczyk, Poland, 2005 Toutes les ampoules, bougies, allumettes et autres sources lumineuses ont été retirées d’une maison située en bordure de forêt en Pologne Collection du Fonds régional d’art contemporain Île-de-France © Droits réservés, photo : Martin Argyroglo

Pour cette exposition, le commissaire Christophe Gallois s’est basé sur L’Image papillon, ouvrage de Muriel Pic[1. Édité aux Presses du réel – www.lespressesdureel.com] analysant l’œuvre de Winfried Georg Maximilian Sebald (1944-2001) dont la démarche est résumée ainsi : « L’image papillon est l’image d’archive à partir de laquelle la littérature invente un récit et s’affirme comme le site d’une mémoire jusqu’alors refoulée. […] Ses récits s’imposent comme une contribution majeure à une pratique littéraire en expansion : le montage. » La méthode Sebald consiste en l’accumulation de documents divers, notes ou images, montés ensemble pour dessiner un récit. Selon Muriel Pic, son travail est irrigué par différents aspects : « La mémoire, l’enchevêtrement des temps, l’archive, la relation entre images et texte », ses écrits étant émaillés de reproductions en noir et blanc dénuées de légendes, des papillons notamment. Ces planches d’entomologie sont autant d’allégories d’un passé « épinglé », figé, et que l’on observe.

Comme la plupart des autres artistes exposés, John Stezaker opère d’une manière similaire à l’auteur des Anneaux de Saturne et de Vertiges. Lorsqu’il compose ses collages handmade surréalistes2, il part d’images caractéristiques d’une époque passée, trouvées par hasard, et leur fait raconter une nouvelle histoire en les accolant. Autre artiste adepte de l’assemblage : le Lorrain Dominique Petitgand, musicien auteur d’albums édités par Ici d’ailleurs. Stéphane Grégoire, patron du label, décrit ainsi son travail : « Ce n’est ni de la musique, ni de la poésie sonore et pas vraiment de la musique concrète, mais certainement tout cela à la fois. Comment faire passer le quotidien pour du fantastique et vice versa… Un trompe l’oreille extraordinaire ! » Composées de cinq pièces sonores diffusées dans un espace équipé de haut-parleurs, l’installation qu’il propose combine extraits de dialogues et autres fragments de voix, des enregistrements nous plongeant, selon Petitgand, « entre passé et présent » et réactivant « imaginaire et faits réels ».

À Luxembourg, au Mudam, jusqu’au 8 septembre

+352 45 37 85 1

www.mudam.lu

 

 

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