Dans le cadre de l’année dédiée au plus célèbre enfant de la ville, le Musée historique de Mulhouse retrace la trajectoire hors-norme de William Wyler, le réalisateur aux 40 Oscars.
Tout le monde connait Ben-Hur (1959), la superproduction hollywoodienne, avec ses onze Oscars, ses milliers de figurants et ses millions de spectateurs. On sait moins que son réalisateur, William Wyler, était… mulhousien ! Dans la cité où il est né, en 1902, celui qui deviendra l’amant fougueux de Bette Davis et lancera la carrière d’Audrey Hepburn en lui offrant le rôle-titre de Vacances romaines (1953), a fait les 400 coups, nous apprend une exposition détaillant par le menu – et à grand renforts d’anecdotes – les cent vies de ce génial hyperactif. Dans une vidéo rassemblant des reportages consacrés à l’enfant du pays, les copains de jeunesse (Paul Jacob, Edmond Cahen, Xavier Eckenspieller et Henri Ichterz) se marrent encore en racontant comment le “Wackes” (“garnement”, en alsacien) s’amusait à exciter les ours bruns en agitant sa casquette au-dessus de la fosse du zoo. Aux bancs de l’école, il préférait les fauteuils du Théâtre de la Sinne ou du cinéma Apollo, situés non loin de la rue du Sauvage, où ses parents, des Juifs venus de Suisse et d’Allemagne, tenaient une petite mercerie. Autant dire que rien ne le prédestinait à devenir ce cinéaste de légende, admiré par Tarantino ou Spielberg.
C’est la mère de Willi qui lui a ouvert les portes d’une destinée extraordinaire. « Comprenant vite qu’il ne reprendra pas le commerce familial », raconte l’ancien journaliste et cinéphile Pierre-Louis Cereja, commissaire de l’exposition, « elle écrit une lettre à son cousin d’Amérique… Carl Laemmle, fondateur d’Universal Pictures ! » Celui-ci avance le billet pour la traversée, que le jeune homme remboursera sur ses premiers salaires de commis au courrier. Le culot et l’envie feront le reste. Et il en faudra pour demander à Laemmle, deux ans plus tard, de l’envoyer en Californie sur les studios d’Universal City, puis de lui confier, à tout juste 23 ans, la direction de son premier court-métrage, un western muet. « Une sacrée bonne école », dira par la suite celui que Bogart, Gregory Peck ou Laurence Olivier surnommaient “Willi les 40 prises”, tant il était exigeant et difficile avec ses acteurs. Homme de conviction et démocrate engagé (il rejoint l’US Air Force dès 1942), l’Alsacien est un réalisateur à part à Hollywood, maître du huis clos et du réalisme psychologique, qui fait des films pour défendre l’entrée en guerre contre Hitler (Mrs. Miniver, 1942), raconter l’impossible retour à la vie normale des GI (Les Plus belles années de notre vie, 1946), aborder à l’écran les thèmes alors peu explorés de l’avortement (Histoire de détective, 1951) ou de l’homosexualité féminine (La Rumeur, 1961). Un bon film ? « Certains disent que c’est juste une bonne histoire. Mais je crois que c’est plus que ça. Il faut avoir la passion de raconter l’histoire, et savoir la raconter avec style. C’est tout ça : une histoire, une passion et un métier ! »
Au Musée historique de Mulhouse jusqu’au 7 novembre
> Atelier pour découvrir les techniques d’animation de l’image, suivi de la projection de Mes vies de rêve, court-métrage où jouent les collégiens des différents quartiers de la ville, 17/09 (14h, sur inscription)
> Visite guidée en compagnie du commissaire de l’exposition, Pierre-Louis Cereja, 18/09 (15h, sur inscription)
> Au programme de “2022, Année William Wyler”, on trouve aussi un parcours Sur les pas du réalisateur dans la ville, un concert de l’Orchestre symphonique de Mulhouse, un ciné-débat, etc.