Le septième Atoll Festival, dédié au cirque contemporain, fait la part belle aux formes rares et innovantes à Karlsruhe.
Dans les arts du cirque contemporain, à côté de ceux faisant feu de tout bois en multipliant les effets, d’autres jouent la retenue et tentent, habilement, de titiller notre curiosité. Les compères de la compagnie Sacékripa, constituée suite à leur formation au Lido (Centre des arts du cirque de Toulouse), en disent le moins possible sur Vrai (16-18/09, mais aussi aux Rotondes (Luxembourg) 18-20/11 puis à l’ACB (Bar-le-Duc) 23-25/11). Une pièce jeune public (dès 8 ans) où chacun regarde une grande boite octogonale dans laquelle deux protagonistes se lorgnent quand ils ne s’ignorent tout simplement pas. L’histoire est celle – forcément vraie – de leur rencontre, réinterprétée ici en interactions à géométrie variable laissant beaucoup de place à l’improvisation et à l’imprévu.
Tout aussi surprenant est le nouvel agrès tissé-noué d’Inbal Ben Haim. Dans Pli (15 & 16/09, puis à MA scène nationale (Montbéliard) 17/03), l’acrobate israélienne met la résistance du papier à l’épreuve dans des situations aériennes. Avec la complicité du plasticien Alexis Mérat, elle a tressé et tordu de grands lés, faisant des bandes de feuilles un objet de jeu et une nouvelle surface de projection des imaginaires. Délaissant sa corde lisse habituelle, la voilà tête en bas pour une exploration du point de résistance jusqu’au risque de la déchirure. Plissée en accordéon, froissée et savamment nouée, cette matière fragile se fait aussi bruyante, étonnante que fascinante.
Quant à l’atypique duo de circassiens Lefeuvre & André, il tourne en dérision le quotidien en une succession de situations d’apparence anodine (Parbleu !, 17 & 18/09). Leur “slow cirque” est un mélange de minimalisme et de jusqu’au-boutisme qui pousse les deux compères à ne pas faire les choses comme les autres. Leur art se peaufine en artisanat plein de labeur et de modestie. Ils trifouillent toujours le fin fond de leur atelier, s’emparant d’outils et d’objets en tout genre qui forment autant d’accessoires à leur humour de situation façon Laurel et Hardy. Une fois dans leurs mains expertes, planches, truelles, perches, boules de pétanque ou masses de chantier deviennent des armes de rire massif. L’air de rien, ces comparses s’inscrivent dans la tradition du cirque : un clown blanc (torse nu et en slip noir) s’active tel le héros muet d’un film burlesque, tandis qu’un auguste à bretelles regorge d’inventivité pour en faire le moins possible.
Pour finir, ne manquez pas le retour des fous furieux de My!Laika, déjà invités en 2019. Leur nouvelle création, Winter (18-24/09), plonge dans la fantasmagorie la plus pure pour toucher à ce théâtre amoral qu’ils chérissent. Par d’habiles collages de situations et jeux d’échelles, ils nous projettent dans le salon hanté d’un gentilhomme où se tisse une histoire d’amour à trois entre le réel, les apparences et un pédalo en forme de cygne égaré au Pôle Nord !
Au Kulturzentrum Tollhaus, à l’Otto-Dullenkopf-Park et au ZKM (Karlsruhe) du 15 au 25 septembre
atoll-festival.de
tollhaus.de