Voix et route romane : retour vers le Moyen-Âge
Pour sa 30e édition, Voix et Route romane, désormais dirigé par Benoît Haller, se place sous le signe de Guerres et germes de paix. Zoom sur le festival de référence dédié à la musique médiévale.
Le ténor et chef d’orchestre Benoît Haller a imposé sa patte dans le paysage musical avec La Chapelle rhénane. Ensemble fondé en 2001, il explore le répertoire baroque de Bach – avec des Passions à l’incandescence et l’incarnation impressionnantes – à Schütz, en passant par Buxtehude. En prenant les rênes de Voix et Route romane, dédié à la musique médiévale, il fait encore un bond dans le temps. « Je me place dans la continuité de mon prédécesseur. Pour moi, une évolution est nécessaire, mais pas une révolution », explique-t-il d’emblée. « Je souhaite développer le côté festif de l’événement. Un festival doit être une invitation à vivre une expérience. Il est impératif d’exploiter toutes les potentialités des merveilleux sites de la Route romane d’Alsace pour élargir les possibles. Un concert ne doit pas être nu, mais en quelque sorte “complété” par des visites guidées, des ateliers de chant choral, des dégustations, des rencontres avec les artistes, etc. L’idée est de créer des ponts entre culture et tourisme, entre musique et patrimoine, afin d’élargir notre public. »
Pour cette édition, le thème retenu, Guerres et germes de paix, résonne curieusement avec l’actualité : « Il s’agit aussi de battre en brèche l’image d’un Moyen-Âge trop souvent réduit à la Guerre de Cent ans et à la Grande peste pour en montrer un autre visage », résume- t-il. On découvre ainsi l’ensemble De Cælis dans un programme intitulé Priez pour paix (28/08, Sigolsheim) : autour de Laurence Brisset, cinq chanteuses mêlent chants grégoriens, coptes et maronites mais aussi polyphonies anonymes, pour une rencontre entre Orient et Occident où volètent les anges, médiateurs de l’invisible des traditions chrétiennes, juives et musulmanes. Tisser des liens entre les répertoires est aussi la préoccupation de Canticum novum : avec Afsaneh, la légende de Zyriab (27/08, Saint- Jean-Saverne), Emmanuel Bardon et les siens proposent une variation sur l’oud faisant se croiser sonorités arabo- andalouses, kurdes, syriennes, syriaques… Autres temps forts, Veni de Libano explore la mise en musique du Cantique des cantiques par La Peregrina (02/09, Eschau) – croisant motets polyphoniques du XIIIe siècle et pages médiévales anglaises – et une plongée dans les musiques jouées à la Cour des Papes et d’Aragon au XIVe siècle par Musica Nova (03/09, Strasbourg). Enfin, impossible de ne pas citer Deo Gratias Anglia (04/09, Ottmarsheim) où l’ensemble Céladon arpente les musiques britanniques des XIIIe et XIVe siècles !
Dans les édifices de la Route romane d’Alsace du 26 août au 11 septembre
voix-romane.com