Star de la magie nouvelle, Étienne Saglio nous convie au-delà du réel dans Le Bruit des loups. Il y renoue avec les forces de la nature et l’enchantement s’immisçant dans le quotidien grâce au développement d’illusions fantastiques.
Avec ses airs de monsieur Hulot, Étienne Saglio trace un sillon bien particulier dans l’univers mouvant, éclectique et en pleine réinvention du nouveau cirque. Il a tâté du jonglage avant d’intégrer Le Lido toulousain et le Centre national des Arts du Cirque de Châlons-en-Champagne. Depuis, il a dressé des fantômes (Les Limbes) et enchanté des loups, sondé ses démons intérieurs en se laissant posséder par de vieux objets dans une ronde poétique (Le Soir des monstres). Le magicien puise dans ses songes des visions fantasmagoriques qu’il déploie patiemment sur scène. Trois années, remplies de multiples recherches afin de développer les innovations technologiques conférant une impression de facilité, auront été nécessaires pour donner vie au Bruit des loups. Il faut dire que l’illusionniste de génie place la barre très haut, lui qui a nommé sa compagnie Monstre(s) en hommage à l’un des Caprices de Goya, autoportrait de l’artiste assoupi à son bureau, entouré d’inquiétantes créatures nocturnes.
S’amusant à troubler les perceptions, sa dernière pièce tord et anime l’espace. Un homme taillant son ficus bascule, tel Alice au Pays des merveilles, dans une autre réalité. Les plantes s’animent et se dressent, les objets lévitent et la nature envahit petit à petit la scène. Au clair de lune, la végétation rebelle se révèle et recouvre le carrelage en damier noir et blanc du début, reboisant notre imaginaire. Tel un poème de Matsuo Bashō – « De temps en temps, les nuages / Nous reposent / De tant regarder la lune » –, ce conte onirique repousse le seuil de la réalité comme du vraisemblable, laissant surgir les peurs enfantines d’un tapis de feuilles qui se démultiplie et du bruissement du vent dans les arbres. Le bestiaire (cerf, loup, géant mélancolique…) surgissant comme par enchantement se fait envoûtant. Derrière le sérieux d’un adulte, il n’en demeure pas moins joueur et convoque nos archétypes communs en faisant d’un maître Renard le guide de cette rêverie étrange et familière, toute entière tournée vers l’émerveillement. Au milieu des ombres, les illusions se jouent de nous pour mieux convoquer notre part d’enfance.
Au Maillon (Strasbourg) du 9 au 12 juin présenté avec le TJP (dès 8 ans)
maillon.eu – tjp-strasbourg.com
> Rencontre avec Étienne Saglio le temps d’une pause déjeuner, vendredi 10 juin (12h30) au Maillon
> Exposition Bruissements pour comprendre le cheminement de la création du Bruit des Loups, du 9 au 12 juin au Maillon (en partenariat avec le TJP)
> Atelier découverte en famille (dès 8 ans) avec le magicien Arthur Chavaudret, samedi 11 juin (15h)
