Atlas de Nelson Leirner
« Tout est politique » taguaient de jeunes enragés sur les murs de Paris en 1968. La leçon fut longuement éprouvée au XXe siècle. En 2003, Nelson Leirner, déjà septuagénaire, livrait sa propre vision du Mundo Político avec un Atlas aux continents recouverts de stickers, dévoilant caustiquement les rapports de force et les dégâts entraînés par la globalisation. Peuplées de Mickey et Minnie, l’Amérique du nord et du centre contrastent avec les têtes de mort recouvrant la partie latine et le continent africain, le Moyen-Orient étant (déjà) en proie aux piranhas. L’artiste brésilien pointe clairement le « colonialisme des Américains qui nous prennent bien plus qu’ils ne nous donnent, même sur le plan culturel ». Les Garfield et Winnie l’Ourson s’étalant de l’Europe de l’Est jusqu’à l’Asie – à côté d’une morne Europe tirant la tronche, la mèche devant les yeux comme enfermée dans son histoire – reflètent aussi bien la mondialisation de l’industrie culturelle que l’étalement dominateur des icônes, des stéréotypes et de ce qu’ils véhiculent intrinsèquement. Le Japon est, étrangement, le seul territoire préservé, rayonnant grâce à la figure d’Hello Kitty recouvrant des espaces aussi éloignés que la Nouvelle-Zélande et le Groenland. La dénonciation ludique du pouvoir des images et de leur prédominance actuelle opérée par Nelson Leirner nous rappelle aux bons mots de Paul Valéry : « La politique est l’art d’empêcher les gens de se mêler de ce qui les regarde. » Les images et le storytelling aussi.
Ne manquez pas non plus le trublion de l’Empire du milieu, Ai Weiwei, dont est exposé Étude de perspective : la tour Eiffel (1995-2003), doigt d’honneur lancé à la face de la France et de ce symbole phalique, tiré d’une série ayant débutée sur la place Tian’anmen et qui lui valut à l’artiste chinois les foudres du régime.
lien vers le trailer de Never Sorry, documentaire consacré à l’artiste…
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