Le Manifeste légionnaire de Rudy Ricciotti
Rudy Ricciotti est célèbre pour ses bâtiments emblématiques comme le Mucem et ses… coups de gueules. Le Manifeste légionnaire est le premier ouvrage à ne pas parler d’architecture de cet auteur caustique et éclairé.
Sous-titré 88 Pas minute au service de la Démocratie, ce livre est un appel à la mobilisation et un plaidoyer pour l’intégration dans l’effort autour d’idées républicaines et de valeurs morales fortes. Rudy Ricciotti y prend l’exemple de ces troupes d’élite, encensant l’ambition collective tout en fustigeant la bien-pensance, comme les conceptualismes mal maîtrisés de certains qui n’ont de socle culturel que quelques postures. Il y vomit aussi la petitesse de la bureaucratie et des politiques d’appareil qui brossent de grands plans sans vision, qui ne prennent pas – ou plus – en compte l’altérité et la fraternité nécessaires pour faire pays. Pour cela, il fait l’éloge d’hommes venus parfois des antipodes pour sabrer français !
L’auteur voit en la Légion étrangère le substrat d’une reconstruction nécessaire de notre pays, parce qu’elle incarne des valeurs fortes et intangibles, « elle n’est pas l’armée, elle est un ordre » dans lequel il faut rentrer avec abnégation et repentir sans rien attendre d’autre que le bonheur de son corps. Si l’on osait une métaphore, la France y serait décrite comme un grand corps malade d’une névrose : elle aurait oublié pour beaucoup ses membres, sa sexualité, ses tripes, son cœur… On parle ici de tout ce qui compose la société, de ce qui fait sens en matière de nation, de valeurs essentielles à notre urbanité, comme la Fraternité au combat ou l’Égalité dans la souffrance. Celle qui veut qu’un gamin russe, qu’un pêcheur vietnamien, qu’un ingénieur marseillais ne forment qu’un : s’ils pratiquent avec abnégation au service d’une cause commune, l’enrichissement est alors collectif et le corps entier est nourri ! Rudy Ricciotti nous indique l’importance de ce faire ensemble, maillon essentiel de nos destinées, de la garantie d’une Liberté choisie. La Légion étrangère en est non seulement l’une des garantes, mais c’est aussi l’une des dernières matrices à récit d’un monde qui ne conjugue plus qu’au présent, plaçant les plaisirs individuels au sommet de ses valeurs. La disparition de l’acte sacrificiel naguère encensé met en danger notre petit monde comme le rappelle aussi Boris Cyrulnik : « Nous sommes devenus comme les anciens Romains qui valorisaient le plaisir, le confort, la vie douce. Ils ne savaient plus se battre et se sont fait écraser par les barbares. Nous sommes donc vulnérables. » À lire d’urgence !
Édité par Nbe Editions
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