Le Château de Bruchsal fête ses 300 ans
Situé à une vingtaine de kilomètres de Karlsruhe, le Château de Bruchsal fête ses trois-cents ans. Visite au coeur d’un joyau baroque qui rayonne sur le bassin rhénan.
Parmi les merveilles regroupées au sein des Staatliche Schlösser und Gärten – une soixantaine de sites d’exception rassemblant les plus beaux châteaux, jardins et autres couvents du Bade-Wurtemberg – il en est une qui nous tient particulièrement à coeur : le Château de Bruchsal dont la visite est féérique. Elle s’impose d’autant plus cette année que l’édifice célèbre son 300e anniversaire. Érigé sur ordre du prince-évêque Damian Hugo von Schönborn, sa première pierre fut en effet posée le 27 mai 1722. S’il a été en grande partie détruit le 1er mars 1945 par un raid aérien, sa restauration, fidèle à l’original construit sur des plans de Maximilian von Welsch, est époustouflante. On reste admiratifs de l’élégance de ses différents corps de bâtiment générant un puissant sentiment d’équilibre. C’est Balthasar Neumann – à l’oeuvre de 1728 à 1731 – qui imagine un escalier parmi les plus grandioses du XVIIIe siècle, dont les deux volées s’élancent avec une grâce inouïe pour former un ovale délicat, offrant des perspectives impressionnantes sur la décoration intérieure réalisée dans un style rococo sous le règne de Franz Christoph von Hutten zum Stolzenberg. Efflorescences de stuc signées Michael Feuchtmayer, chéneaux décorés de dragons dorés en guise de gargouilles, salons d’une préciosité inégalée, mobilier d’un raffinement exacerbé, collection de tapisseries parmi les plus importantes d’Europe, fresques peintes par Giovanni Francesco Marchini : le lieu est un concentré de l’histoire de cette partie de l’Allemagne. Sa dernière résidente princière, entre 1806 et 1832, fut Amélie de Hesse-Darmstadt, épouse du prince héréditaire de Bade. On la surnommait ”la belle-mère de l’Europe”, puisque ses filles épousèrent des souverains d’importance (Maximilien Ier de Bavière, le tsar Alexandre Ier de Russie, Gustave IV Adolphe de Suède…). Rajoutons que le château abrite le Musée des automates et boîtes à musique, riche de l’une des plus grandes collections au monde avec quelque cinq-cents pièces montrant l’évolution d’instruments de musique mécaniques entre le XVIIe et le XXe siècle : un orchestrion, qui remplaça une quarantaine d’instrumentistes à la cour de Savoie (considéré comme le plus grand automate à musique du monde), un coffre doté d’un mécanisme de jeu de flûte ayant appartenu à l’impératrice Marie-Thérèse d’Autriche…
CHÂTEAU SONORE
Pour célébrer dignement l’anniversaire, cet été, un festival en plein air (28/07-07/08) fera résonner les jardins du Château. Au menu de cette manifestation extrêmement éclectique, une Tosca de Puccini (28/07) dirigée par Thomas Guggeis, un des plus grands chefs de sa génération : à moins de trente ans, il a été désigné pour prendre les rênes de l’Opéra de Francfort (à compter de la saison 2023-24). Dans les rôles majeurs, on retrouve le ténor Martin Muehle (Cavaradossi), le baryton-basse Tomasz Koniecny (Scarpia) et, last but not least, la soprano Maria Agresta dans le rôle-titre. Du grand spectacle en perspective, devant près de 3 000 spectateurs, qui apprécieront aussi le groove jazzistique de Gregory Porter (03/08) accompagné du SWR Big Band ou la trompette hyper inspirée de Till Brönner (30/07), avec des classiques et des pièces issues d’On Vacation, son nouvel opus. Notre coup de coeur ? Incontestablement le violoniste Daniel Hope et l’ensemble L’Arte del mondo (01/08) pour le cultissime Vivaldi recomposed de Max Richter. Le compositeur germano-britannique s’est emparé avec une maestria incroyable des Quatre Saisons pour imaginer une partition oscillant entre respect absolu de l’original et réinterprétation contemporaine !
Semaine festive du 23 au 29 mai (marché à partir du 26, avec expériences gastronomiques, artisanat, animations pour enfants, etc.)
schloesser-und-gaerten.de – schloss-bruchsal.de
> Des audioguides sont disponibles en français