Baptiste W. Hamon ouvre son âme sur son dernier opus, Jusqu’à la lumière

Baptiste W. Hamon © Romain Winkler

De sa plume sincère et sensible, le songwriter français Baptiste W. Hamon ouvre grand son âme sur son dernier opus, Jusqu’à la lumière.

Avec sa country-folk toute en sobriété – façon americana ultra-léchée sur laquelle seraient venues se poser, dans la langue de Molière, des paroles à la Jacques Bertin, Reggiani ou Brel –, Baptiste W. Hamon trace une route singulière, diaphane et chaloupée… Jusqu’à la lumière. Un titre gros d’espoir pour un troisième album qui nous bringuebale du Texas à la Haute-Savoie, de la brumaille à la joie, des épreuves du quotidien et autres sombreurs de la vie (Ils fument) à l’ivresse enjouée d’une soirée entre amis (Boire un coup). Le tout, sans effet de manche ni excessive grandiloquence. Passé par des études d’ingénieur l’ayant amené à vivre deux ans en Norvège, grand fan de tous les outsiders chansonniers de l’Ouest (de Johnny Cash à Kris Kristofferson), Hamon s’illustre par sa dramaturgie toute en retenue. Une poésie de rien et de peu, mais néanmoins d’une vibrante justesse, qu’il déploie dans la prosodie de textes nourris aux mots de la grande littérature : il relit en ce moment l’inégalable Rivage des Syrtes. « L’écriture est au centre de ma démarche artistique. Pour moi, l’essentiel est le travail sur le texte. Ensuite vient la recherche de la mélodie qui pourra au mieux le servir », confie celui qui a passé l’adolescence à composer des vers, avant de découvrir Townes Van Zandt, musicien texan génial et maudit. Un déclic. Il passe au format chanson. 

Sorti de l’ombre en 2014 avec la splendide Les Bords de l’Yonne, présente sur le volume trois des compilations du défricheur label La Souterraine, il enchaîne avec des EPs de toute beauté : Quitter l’enfance (2014), Nouvel été (2015), De mille feux (2019) et un sur la Première Guerre mondiale, Ballade d’Alan Seeger (2018), composé à la suite de la découverte d’un manuscrit de son grand-père. D’un côté à l’autre de l’Atlantique, il déroule le fil de ce télescopage fou entre traditions hexagonale et américaine, laissant planer les figures tutélaires au-dessus de ses premiers albums, L’Insouciance (2016) ou Soleil, soleil bleu (2019). Et le tout dernier n’en est pas exempt, qui s’achève sur une reprise de Revoilà le Soleil, comme un clin d’œil à Bertin, magnifique et touchant ! « J’enterre mes pensées / Dans des pots tout l’hiver / Fleurira qui voudra / Au printemps, au printemps / Mais je vis, mais je vais / Il fait froid, il fait clair. » Le disque bénéficie en outre des arrangements dépouillés du magicien de la production John Parish (derrière quelques albums culte de Dominique A ou PJ Harvey) et de la participation radieuse de la songwriteuse norvégienne Ane Brun sur Laughter Beyond the Flames. Un joyau ciselé en duo, plein d’amours déçues et de pudique bienveillance.

Boire un coup, Baptiste W. Hamon – Jusqu’à la lumière

Au Cheval Blanc (Schiltigheim) vendredi 6 mai 
ville-schiltigheim.fr

Édité par Modulor Records
modulor-records.com

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