Le sacre de la culture : Rencontre avec Arnaud Robinet, maire de Reims
Maire de Reims depuis 2014 et vice-président de la Région Grand Est, en charge de l’attractivité, du tourisme et de la culture, Arnaud Robinet décrit la politique culturelle de la cité.
Pourquoi avoir décidé de candidater au titre de Capitale européenne de la culture 2028 ?
Il importe de mener des projets fédérateurs à une période où la société est fracturée, afin de mobiliser l’ensemble de la population et des acteurs culturels. Je précise que la candidature ne concerne pas uniquement Reims, mais tout un territoire englobant l’ancienne région Champagne-Ardenne, auquel s’est adjoint Laon. Nous avons aussi le désir de créer des synergies avec les villes jumelées à Reims*. Il s’agit de se remettre en question pour exploiter nos atouts, mais aussi d’explorer nos failles, comme le manque d’espaces d’exposition dédiés à l’art contemporain à côté du Frac. Notre objectif est de métamorphoser la ville, avec pour modèle Lille 2004.
En 2019, vous avez souhaité une large concertation afin de vous doter d’un schéma d’orientation sur cinq ans pour un secteur mobilisant environ 15% du budget. Quels axes ont été dégagés par cette démarche “Vivre la culture à Reims” ?
Cinq priorités ont été définies, comme le soutien à la création, la valorisation du patrimoine ou encore l’intensification des liens entre les acteurs culturels rémois dont le festival transdisciplinaire FARaway est une belle illustration. Longtemps, Reims a été considérée comme une belle endormie : ce temps est révolu et la culture a largement contribué à cette métamorphose.
Quels sont les derniers axes ?
Je souhaite que notre politique culturelle soit tournée vers la jeunesse et serve de vecteur de mixité sociale. Des institutions comme Le Manège à Orgeval et La Comédie à Croix-Rouge, sont, par exemple, très présentes dans les quartiers prioritaires. Pour résumer, je désire une culture pour tous et partout !
Dès votre élection, vous avez abandonné le projet de création d’un musée au Boulingrin au profit d’une rénovation du Musée des Beaux-Arts sur site (réouverture en 2025). Pourquoi ?
Le financement n’était pas assuré. On construisait par ailleurs un musée sans se poser la question des réserves, ni celle du devenir du bâtiment actuel. J’ai ainsi souhaité, non pas une rénovation, mais une réelle reconstruction, triplant la surface d’exposition en préservant l’esprit de l’histoire de cette ancienne abbaye. Cela entrait aussi dans une vision urbanistique avec cette “Voie des Sacres”, véritable artère culturelle allant de la Cathédrale à Saint-Rémi, avec le Musée des Beaux-Arts, le Palais du Tau (métamorphosé en Musée des Sacres ; ouverture en 2025, NDLR), le Frac, le Conservatoire…
Objectifs 2028
Début mars, les premiers éléments de la candidature au titre de Capitale européenne de la culture 2028 ont été dévoilés. Tournant autour de la thématique éminemment champenoise des assemblages, 14 “maisons de concertation” – groupes de travail thématiques – ont été installées. Elles sont coordonnées par le directeur artistique Loïc Magnant, qui avait déjà œuvré avec succès pour Lille 2004 et Marseille 2013. Un excellent présage ! Verdict en 2023.
* Aix-La-Chapelle, Arlington, Brazzaville, Canterbury, Florence, Kutná Hora, Nagoya, Salzbourg