L’Avventura
Musicien appréciant les mélodies en sous-sol, activiste dans le monde du rock atypique et boss de label, Julien Fernandez, installé en Italie depuis 2006, évoque la saga Africantape avant de souffler ses cinq bougies à Metz et Strasbourg.
Africantape ne se résume pas à une seule esthétique, allant du hip-hop d’Alexis Gideon au post-rock d’Honey for Petzi, en passant par le math-rock de Marvin…
Son image évolue et se transforme constamment, sortie après sortie.
Le catalogue est un vaste mélange de langages, d’instruments et chaque disque n’est qu’une facette, un angle de vue sur un même objet. Je compare Africantape à une carte topographique inachevée.
Le fait d’être batteur, notamment au sein de Passe Montagne ou de Chevreuil, influe-t-il le choix des artistes ?
Probablement, mais de quelle manière ? Il faut savoir que je ne me suis jamais considéré comme un musicien. Je suis incapable de lire une partition et ma culture musicale est vraiment limitée, alors je fais entièrement confiance à mon instinct.
Pourquoi considérez-vous l’album déroutant de Micah Gaugh Trio , une de vos dernières signatures, comme essentiel dans votre discographie ?
Cet album, enregistré il y a plus d’une quinzaine d’années, sort en 2013 et n’y a pas vraiment sa place. En ce moment, nous sommes bombardés de productions parfaites, de musiques trop codées, trop identifiables et comparables. Soyons honnêtes : je commence à trouver ça chiant ! L’album de Micah peut sembler hermétique mais il est extrêmement riche d’idées nouvelles, de sons, de visions sur la composition et la musique en général.
Quel est le modèle économique d’Africantape ?
Un partage 50 / 50 avec les artistes. C’est ce qu’il y a de plus simple et de plus réaliste. Les disques se vendent toujours : en magasins, en concerts, sur le Net ou sur iTunes. Évidemment, on ne parle pas ici de quantités faramineuses, mais qui permettent de faire survivre cette petite entreprise.
Vous pouvez apprécier le pointu comme le mainstream, JC Satàn ou Kanye West. Est-ce que la “culture indé” a encore un sens aujourd’hui ?
Aussi paradoxal que cela puisse paraitre, j’aime assez la musique de Kanye West, un artiste qui prend toujours le risque de se renouveler à chaque sortie, ce n’est pas le cas de tout le monde et c’est courageux. Pour tout avouer, j’ai un peu perdu la notion de “culture indé”. Je vis un peu sur un nuage, ici, en Italie. Les hipsters ne descendent pas jusqu’à Pescara et c’est tant mieux. Mais le sens du terme indépendant, je l’ai gardé : avancer et développer de manière autonome, sans aide aucune. Je travaille avec acharnement, j’avance totalement seul et librement.
L’air transalpin est-il bénéfique pour le rock ?
L’Italie a ses bons cotés, le bon vivre, la bonne bouffe et surtout le climat. Je ne sais pas si tout ça est bénéfique pour le rock, mais ça l’est pour moi, ma manière de travailler et de voir les choses.
À Metz, aux Trinitaires, vendredi 10 mai (avec Micah Gaugh Trio, Three Second Kiss et JC Satàn)
03 87 20 03 03 – www.lestrinitaires.com
À Strasbourg, à Stimultania, samedi 11 mai (avec Micah Gaugh Trio, Three Second Kiss et Camilla Sparksss)
023 88 23 63 11 – www.stimultania.org