Nouvelle création du duo de circassiens Lefeuvre & André, Parbleu ! est une succession de situations tournant en dérision le quotidien.
Depuis bientôt vingt ans, Jean-Paul Lefeuvre et Didier André pratiquent un art de l’épure bien à eux, le “slow cirque” : un mélange de minimalisme et de jusqu’au-boutisme qui pousse les deux compères à ne pas faire les choses comme les autres. Parbleu ! n’est que leur troisième pièce… en deux décennies. Il faut dire que manier l’absurde avec un brio rappelant les grandes heures du cinéma muet et de ses icônes burlesques (Charlie Chaplin,Fatty Arbuckle, Buster Keaton, mais aussi Laurel & Hardy…) prend du temps. Surtout à des artistes habitués aux chemins de traverse, qu’absolument rien ne prédestinait à monter sur une scène ou se donner en spectacle sous chapiteau.
Parcours atypique
L’un se dirigeait vers l’élevage de bovins-porcins sur le domaine familial tandis que l’autre se voyait dessinateur industriel chez Moulinex. Mais un humour sans borne, un goût de la bricole et une soif de curiosité les mènent aux ateliers amateurs du Cirque du Docteur Paradi. Ils y tâtent du monocycle, du jonglage et de l’équilibre sur les mains. Et c’est par un heureux hasard qu’ils tombent sur des papiers annonçant l’ouverture d’une toute nouvelle formation. Nous sommes en 1985, ils intègrent la première promotion du Centre national des Arts du Cirque de Châlons-en-Champagne. Ils fondent une compagnie à leur sortie avant de partir vers des cieux différents pour mieux se retrouver en 2001 autour d’envies d’itinérance extérieure et de spectacles poético-agricoles.
Certains l’aiment slow
Leur art s’affirme dans ce début de siècle, se peaufine tel un artisanat plein de labeur et de modestie. Ils trifouillent toujours le fin fond de leur atelier, s’emparant d’outils et d’objets en tout genre qui forment autant d’accessoires à leur humour de situation si délicieux. Une fois dans leurs mains expertes, planches, truelles, perches, boules de pétanque ou masses de chantier deviennent des armes de rire massives. L’air de rien, ces comparses s’inscrivent dans la tradition du cirque : un clown blanc (torse nu et en slip noir) s’active tel le héros muet d’un film burlesque, tandis qu’un auguste à bretelles regorge d’inventivité pour en faire le moins possible. Les vains efforts de ces personnages facétieux mais volontairement impassibles, en font de grands enfants bien décidés à ne pas vieillir. Et quoi de mieux que de ne sérieusement pas se prendre au sérieux ?
À l’Espace 110 (Illzach) vendredi 3 et samedi 4 décembre, puis au TJP – grande scène (Strasbourg) du 7 au 12 décembre et à L’Espace (Besançon) du 24 au 28 janvier 2022 (dès 6 ans)