Quelle voix ! Avec Brut, Yseult célèbre le plaisir féminin, poursuit sa quête d’émancipation et le combat contre l’invisibilisation des siens.
Elle a marqué les deux dernières années, avec des propositions artistiques fortes et bouleversantes – tout le monde a en tête la poignante chanson Corps, où la jeune femme se met à nu comme peu d’artistes en sont capables. Et puis avec ses coups de gueule contre le racisme systémique de la société française, le sexisme ou la grossophobie. Née il y a 26 ans dans une famille d’immigrés camerounais, Yseult a retourné la chanson française en trois EP et secoué l’establishment politico-médiatique en quelques apparitions à la télé. « Le chemin est long en tant que femme noire », a-t-elle ainsi déclaré en recevant la Victoire de la Révélation féminine de l’année 2021. Larmes aux yeux et tête haute : « Le chemin est long en tant que femme grosse, en tant que femme oubliée de la société, oubliée de la culture. Notre colère est légitime, et j’aimerais que toute la France l’entende. Ce n’est pas qu’une victoire pour moi, c’est aussi une victoire pour mes frères et sœurs. » Un discours qui lui a valu l’ire de certains, à tendance plutôt… réactionnaire. « La star de la génération Ouin-Ouin », titre par exemple Valeurs Actuelles. On comprend que la chanteuse à la voix sans pareil l’ait mauvaise ! Question journalistes, pour Yseult, la défiance est de mise. Parfois de façon immodérée… comme lorsqu’elle part en guerre contre une reporter du Monde ayant dévoilé une autre facette d’elle, moins flatteuse, en femme d’affaires intransigeante (non sans commettre, il est vrai, quelques faux-pas grossophobes). Découverte à tout juste 20 ans en participant à la Nouvelle Star, celle qui avait alors signé pour un premier album chez Polydor a vite changé de cap pour s’extirper de l’empire des majors et monter son propre label indépendant (Y.Y.Y). Seule à la barre de sa petite entreprise, elle appartient à une génération désinhibée, bien décidée à se faire entendre et à imposer son corps sur une scène musicale très majoritairement blanche. Avec Brut, son dernier opus, Yseult poursuit son combat, sur le terrain cette fois de l’émancipation du désir féminin. “Sexplicite” en diable, l’artiste y revendique son female gaze sur des vers torrides et reprend l’objectivation de l’homme à son compte. « Baby, are you down for a rodea / Diamond sur ma cuisse, ça part en rodéo / Caméra sur nous, j’veux grimper aux rideaux », entend-on sur le morceau SEXE. Dans le clip de Bad Boy, suspendue et ligotée façon shibari japonais, Yseult joue un jeu érotique extrême, dans une mise en scène proche de la performance contemporaine. Une façon aussi de subvertir les codes de représentation des gens en surpoids, des corps noirs… et d’exhorter les minorités à ne pas se laisser enfermer dans des cases.
Au Parc de la Combe à la Serpent (Dijon), vendredi 3 septembre dans le cadre du VYV festival (02-05/09)
vyvfestival.org
À la BAM (Metz), vendredi 24 septembre
citemusicale-metz.fr
Au Parc du Château (Épinal), samedi 25 septembre, dans le cadre du festival Là haut sur la colline (23-26/09)
la-haut-sur-la-colline.fr
Aux 2 Scènes (Besançon), jeudi 28 octobre
les2scenes.fr
Édité par Naïve / Y.Y.Y
naiverecords.com