Si l’année 2021 est particulière pour les festivals classiques, elle n’en ressemble pas moins à un feu d’artifice sonore mêlant ensembles vocaux médiévaux, baguettes inspirées, organistes virtuoses et autres stars lyriques.
De plan B en plan C, voire D, les festivals de l’été slaloment entre annulations, transferts vers le digital et jauges réduites… Victime de la situation, l’édition de Colmar dédiée à Ivry Gitlis se déroulera ainsi en 2022, en raison des « restrictions de circulation éventuelles et de la délivrance des visas pour les ressortissants hors union européenne », explique Francis Hirn, le président du festival. Autre événement accueillant des pointures symphoniques, les Ludwigsburger Schlossfestspiele ont subi l’impact de la crise, se transportant en partie sur le Web avec un génial concert d’ouverture visible en streaming, dirigé par Oksana Lyniv (qui sera la première femme dans la “fosse mystique” de Bayreuth cet été). Reste que les organisateurs ont maintenu “en présentiel” certains événements comme une soirée en clair-obscur dirigée par Barbara Hannigan (04/07), scindée en deux avec les scintillantes Bright Lights (Gershwin, Stravinski, etc.) et The Dark Side (avec notamment Verklärte Nacht de Schönberg). N’oublions pas les syncrétiques Sacrées journées de Strasbourg délocalisées en été avec des concerts faisant se rencontrer spiritualités et sonorités.
Opéra et cætera
Pour sa 39e édition, le Festival international d’Opéra Baroque & Romantique de Beaune propose sept opéras et oratorios avec la présence de stars comme Laurence Equilbey (Lucio Silla de Mozart, 09/07), William Christie (L’Allegro, il Penseroso ed il Moderato de Haendel, 16/07) ou le contre-ténor Andras Scholl pour un récital de cantates napolitaines (30/07). D’autres extases vocales sont prévues au 32e festival Rossini de Bad Wildbad – notamment le très rare Elisabetta regina d’Inghilterra (10, 17 et 21/07) et mille et une pépites belcantistes – et aux Bregenzer Festspiele. Sur la scène du lac est repris le superbe Rigoletto de Verdi (22/07-22/08, voir poly.fr), tandis que l’excellente Brigitte Fassbaender s’empare de L’Italienne à Alger de Rossini (16-21/08) dans les murs du Festspielhaus. Quant au Festival Lyrique de Montperreux, il se limite à… une journée avec Le Nozze di Figaro par l’Opéra Clandestin.
Baroque et compagnie
L’été est propice à la plongée dans des sonorités préromantiques : parmi de nombreuses manifestations, mentionnons le passionnant Festival de Musique baroque du Jura, dont la 36e édition a des accents vénitiens. Vincent Dumestre et son Poème harmonique nous transporteront ainsi dans les ruelles et les palais de la Sérénissime au XVIIIe siècle dans un concert mis en espace (18/06) et donneront le splendide Nisi Dominus de Vivaldi (17/08). Pour sa part, le Festival des Abbayes en Lorraine poursuit son parcours de trois ans intitulé L’Esprit des lieux, exploré grâce à « trois révélateurs : la relique, l’écho et l’empreinte », comme l’explique le directeur artistique Daniel Caquard qui a notamment programmé Canticum novum pour un concert intitulé Samâ-ï (28/08) en forme de voyage sur les routes d’Al-Andalous, de Cordoue à Alep. Il n’est pas étonnant de retrouver l’ensemble d’Emmanuel Bardon pour le même programme (12/09) dans le médiéval festival Voix et Route dont la 29e édition est intitulée Iberica. Elle s’ouvre par un très attendu concert de Música Antigua explorant les sonorités de L’Espagne des trois cultures au Moyen-Âge (27/08).
Voyages en chambre
Propice aux escapades chambristes, l’été voit revenir Musicalta : la 25e saison de cet événement attachant, à la fois académie classique et festival, permet notamment de découvrir le talent du pianiste Simon Ghraichy dans un récital dont le thème est Don Juan (06/08) où se croisent Albéniz, Liszt ou Mozart. Une similaire exigence artistique irrigue le 17e Festival de Wissembourg rassemblant 16 concerts avec des fidèles comme le Quatuor Zemlinsky dans un programme 100% Dvořák (04/09) ou le pianiste Nikita Mndoyants (28/08). D’autres émotions fortes sont en perspective aux Nancyphonies dont le programme a été composé par le pianiste Hugues Leclère qui a notamment convié l’exceptionnelle pianiste Lise de la Salle pour un récital au titre alléchant When do we dance ? (21/08) avec des pages de Gershwin, Piazzolla, Saint-Saëns, etc. Dans ce domaine, certains événements mêlent le son à la bonne chère et à la dive bouteille comme le Festival de Fénétrange dont la thématique est Vienne-Budapest : on y retrouve l’as du clavier François-Frédéric Guy accompagné par l’Orchestre national de Metz (11/09). Pesons aussi à Musique & Vin au Clos Vougeot dont la direction artistique bicéphale est assurée par le violoncelliste Gautier Capuçon et le pianiste Jean-Yves Thibaudet. Ils se produiront ensemble (22 & 26 /06), tandis que le premier nommé donnera le Concerto pour violoncelle de Haydn (27/06) avec l’Orchestre des Climats de Bourgogne conduit par Charles Dutoit.
Que d’orgues !
Last but not least : deux manifestations alsaciennes rendent hommage à l’orgue ; logique lorsqu’on sait que la région abrite 1 200 des quelque 7 000 instruments de l’Hexagone. Avec pour thématique Nouvelles destinations, le 45e Festival de Masevaux propose de découvrir la maestria de David Cassan (08/08) – étoile montante et improvisateur de génie – ou de Marie-Ange Leurent et Éric Lebrun associés pour le Requiem de Duruflé (18/07). Enfin, la saison 5 de Stras’Orgues faisant vivre le patrimoine exceptionnel de la capitale européenne se place sous le signe des Nouveaux horizons en mêlant musique, danse, peinture…