Des pages pleines d’agilité et de brillance de Moussorgski, Dukas et Aroutiounian sont au menu de l’Orchestre national de Metz. L’occasion de découvrir l’incroyable trompettiste David Guerrier.
Sous la baguette de David Reiland, son directeur musical, l’Orchestre national de Metz donne deux tubes du répertoire. À la pyrotechnie de L’Apprenti sorcier de Paul Dukas – popularisé par Walt Disney dans Fantasia – répond l’élégance des Tableaux d’une exposition de Modest Moussorgski. Cette série de dix pièces pour piano inspirée des peintures de Viktor Hartmann est devenue fameuse grâce à l’orchestration qu’en réalisa Maurice Ravel, considéré comme un des plus grands maîtres dans cet art extraordinairement délicat. Selon Vladimir Jankélévitch, l’auteur du célébrissime Boléro « trouva chez les Russes un aliment inépuisable pour ses curiosités modales, rythmiques et harmoniques. On imagine l’émerveillement des musiciens français, à partir de 1880, devant cette poésie violente, tour à tour rêveuse et très sauvage. » L’auditeur / visiteur est transporté dans un musée imaginaire aux cimaises sonores dont chaque partie renvoie à une toile. Voilà exaltante déambulation passant par l’Italie avec la puissante nostalgie qui sourd du Vecchio Castello, la France – pour une plongée dans l’animation pleine de couleurs et de vie du Marché de Limoges – ou encore la Pologne grâce au pas lourd d’un chariot tiré par deux bœufs. L’oreille bondit de tableau en tableau avec allégresse, du comique étincelant du Ballet des poussins dans leurs coques au gouffre sombre des Catacombes. La partition ressemble au final à une visite guidée dans une galerie ou un musée, dont chacun ressort tourneboulé et joyeux.
Plus rare est le Concerto pour trompette d’Alexandre Aroutiounian (1920-2012), musicien arménien méconnu sous nos latitudes, dont il s’agit sans conteste du chef-d’œuvre. Cette pièce de 1950 fusionne dans un syncrétisme scintillant les musiques traditionnelles du pays du compositeur, la flamboyance du romantisme russe (rappelant qu’il fut formé dans le creuset soviétique) et un certain impressionnisme éminemment occidental, voire français. Tout cela fait une œuvre brillante et dansante, lyrique et périlleuse en diable magnifiant la trompette de David Guerrier, virtuose dont le surnom “l’extra-terrestre – notamment parce qu’il joue avec autant d’aisance du cor que de la trompette – est amplement justifié. Deux fois “Soliste instrumental de l’année” aux Victoires de la Musique classique (2004 et 2007), il est le digne héritier de l’immense Maurice André… qu’il avait rencontré à onze ans, participant à l’École des fans consacrée à celui qui est devenu un mythe.
À l’Arsenal (Metz), samedi 12 juin
citemusicale-metz.fr
À l’Opéra de Reims, mardi 15 juin
operadereims.com