Pop épopée
Personnage mythique, le sauroctone (étymologiquement “tueur de lézard”) arpente l’Histoire de l’Humanité avec des figures aussi célèbres qu’Hercule qui vint à bout de l’Hydre de Lerne, Siegfried et bien évidemment toute une litanie de Saints catholiques, dont Georges de Lydda n’est que le plus fameux. Voilà qu’Erwann Surcouf, passé par les Arts déco de Strasbourg (déjà notamment auteur du très réussi Été) décide donner ce titre à une saga post-apocalyptique. Ses Sauroctones sont des troupes de mercenaires battant la campagne pour combattre des monstres aussi inquiétants que le Tamarro. Rien à voir avec la version catalane du dahut (que désigne ordinairement ce nom), puisqu’il s’agit d’une créature ressemblant à une immense scolopendre, myriapode grouillant de pattes poilues. Le légendaire Axel Excel est sur sa piste accompagné d’une petite armée de guerriers, dont Lander, Fadet et Urtsi, trois adolescents débrouillards, courageux et malicieux leur servant de guide, ainsi que la jeune Zone, en stage d’observation. Voilà le point de départ d’une épopée pop se déroulant dans les ruines de notre monde. Au coin d’une case on en découvre les reliques comme le pin’s parlant de chez Total que Zone porte en collier comme un talisman mysticomique qui balance sans cesse : « Vous ne viendrez plus chez nous par hasard. » C’est une quête initiatique qui se déploie, un voyage au dessin faussement simpliste aux couleurs vives, un voyage plein d’imagination visuelle et sémantique. Le lecteur y croise des doloroptères (bestioles volantes salement agressives), une communauté vivant au pied de Le Lolenn (une éolienne que nos apprentis sauroctones vont remettre ne marche), une secte de dingos appelée la Confrérie des Meuniers ou encore des “mutés” possédants d’étranges super-pouvoirs qui sont rejetés par la plus grande partie de la population… L’imagination débridée d’Erwann Surcouf turbine à toute berzingue portant le lecteur pendant 230 pages te lui faisant attendre la suite avec grande impatience.