Docteur Jivaro

Photo de la Cie L’Imaginarium

Avec son titre-programme à rallonge – N’avons-nous pas autant besoin d’abeilles et de tritons crêtés que de liberté et de confiance ? – la nouvelle création de Pauline Ringeade ouvre un autre champ des possibles.

Ça commence quand l’futur ? Ce moment où l’on change les choses ? Deux questions qui s’imposent aux trentenaires comme Pauline Ringeade, forcés de réinventer leur rapport à la Terre, au vivant et aux espèces pour tenter d’endiguer la catastrophe qui se profile. Parmi les auteurs ayant nourri sa réflexion, la famille de penseurs inspirés par les travaux de l’anthropologue Philippe Descola dans les années 1970, du philosophe Baptiste Morizot (Manières d’être vivant, paru chez Actes Sud) aux BD d’Alessandro Pignocchi (La Recomposition des mondes, Seuil) et le touche-à-tout Jean-Claude Ameisen. « Ils m’ont permis de sortir du paradigme nature / culture et de prendre conscience de la crise de relation que nous vivons entre sphères du vivant : humains, plantes, autres animaux », confie la metteuse en scène. Le point de départ de N’avons-nous pas autant besoin d’abeilles et de tritons crêtés que de liberté et de confiance ? vient d’un choc esthétique pour Ici, roman graphique de Richard McGuire : « Sa superposition des époques et du temps présent offre un vertige hypnotique » qui sert de base scénographique. Elle reprend l’idée d’un décor intérieur immuable, un angle de maison avec une lucarne sur l’extérieur. Pas question pour autant « de jouer comme lui à l’invention d’un futur catastrophiste, ni de coller la cosmogonie de l’animisme Jivaro extrêmement drôle de Pignocchi », mais plutôt d’ouvrir un espace de perception poétique dans lequel existent différents lieux et temporalité durant la représentation. Cinq comédiens, venant de la danse comme du théâtre tentent de réinventer la notion “d’habiter” en nouant des relations nouvelles avec leur milieu. Entouré de quelques meubles, plantes et humains, l’espace mute et devient cabane avec l’irruption de matières brutes (bois, terre) décloisonnant le dehors et le dedans. Ce surgissement, loin de l’isolement du Walden de Thoreau, se joue dans l’interaction du corps des uns et des autres, dans une présence au monde contenant passé, présent et futur. Un autre monde possible, un rêve éveillé en forme de retour au premières amours chorégraphiques de celle qui avait dû laisser de côté la danse pour sa formation à l’École du Théâtre national de Strasbourg.


Au Taps Scala (Strasbourg), du 10 au 14 mars (dès 15 ans)
taps.strasbourg.eu

À L’Espace (Besançon), du 17 au 19 mars
les2scenes.fr

À La Méridienne (Lunéville), mercredi 1er avril
lameridienne-luneville.fr

Au Nouveau Relax (Chaumont), jeudi 12 novembre
lenouveaurelax.fr

Au Granit (Belfort), mardi 17 et mercredi 18 novembre
legranit.org

Au Centre culturel André Malraux (Vandœuvre-lès-Nancy), jeudi 21 et vendredi 22 janvier 2021 centremalraux.com

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