J’ai dix ans
Dans J’ai trop peur, David Lescot mène une réflexion sur les évolutions lors de l’enfance, ses règles et ses codes.
Moi, garçon de dix ans, est perplexe, tourmenté, voire angoissé par son passage en sixième à la fin des vacances. Ses seuls interlocuteurs sont Ma sœur (deux ans et demi) avec laquelle la communication est difficile car « ce n’est vraiment pas son genre de faire des efforts » et Francis (quatorze ans), qui lui donne des conseils peu rassurants sur le comportement à adopter dès la rentrée afin de ne pas « porter l’étiquette TPLD (Tu Pues La Défaite) ». Cette pièce jeune public (dès 7 ans), initialement écrite pour une dramatique radio, relève d’un « théâtre pauvre, presque cheap » où tout se fabrique sous les yeux des spectateurs, du décor au son. Grâce à sa très rudimentaire scénographie, l’auteur et metteur en scène David Lescot suscite la surprise avec un « jeu de construction » : une boîte proche d’un castelet maniée par les comédiennes qui en sortent tables, chaises et autres éléments permettant de passer d’une plage à une salle de classe, le tout en se piégeant mutuellement à l’aide de différents artifices. Le « décor sonore » est lui aussi œuvre des actrices qui réalisent hors-scène sifflements, cris de mouettes, lancer de feux d’artifices…
Pour éviter toute lassitude dans les représentations, au nombre de plusieurs centaines depuis la création, neuf interprètes maîtrisent les trois rôles et alternent avec la liberté de donner une couleur propre aux personnages. Ainsi, d’une fois sur l’autre, Francis est rockeur, sportif ou gamer. Le metteur en scène a préféré confier les rôles masculins à des comédiennes car « les qualités de jeunesse sont plus fortes chez les femmes » affirme celui qui a déjà opté plusieurs fois pour ce truchement, souvent déconcertant pour le public. Éprises de cette « aventure », les actrices figurent toutes au casting de la suite de J’ai trop peur, intitulée J’ai trop d’amis. David Lescot n’exclut pas la possibilité de « prolonger cette série sans faire grandir trop rapidement les personnages ». Ce sont en effet les évolutions durant l’enfance qui l’intéressent, telles que la perplexité de Moi face à sa mère lorsqu’elle lui chante une berceuse, ne sachant pas s’il doit profiter de ce moment enfantin ou lui demander d’arrêter parce que c’est « un gros dur ». Pour représenter ces mutations, l’auteur a misé sur les différents codes et langages possibles à ces âges. Afin d’inventer ceux de Francis et Moi, il s’est inspiré des expressions, mœurs et com- portements de sa fille, jeune adolescente lors de l’écriture. Concernant Ma sœur, il a souhaité composer « n’importe quoi en faisant un mix de souvenirs », ces paroles devant juste être compréhensibles. Une pièce « simple » qui rappelle que « les enfants peuvent être plus adultes que les adultes eux-mêmes ».
Au TAPS Scala (Strasbourg), jeudi 12 et vendredi 13 décembre
taps.strasbourg.eu
À la Nef (Wissembourg), lundi 16 et mardi 17 décembre nef-wissembourg.fr
Au Théâtre du Pilier (Belfort), mercredi 8 et jeudi 9 janvier 2020 theatredupilier.com
Au Carreau (Forbach), mardi 12 et mercredi 13 mai 2020
carreau-forbach.com