L’association bisontine Juste Ici célèbre la 9e édition de Bien Urbain avec toujours plus de parcours artistiques dans (et avec) l’espace public. Fidèle du festival, l’artiste associée Hyuro y réalisera notamment une immense fresque.
Besançon se refait une beauté chaque été grâce au festival Bien Urbain qui déploie des artistes du monde entier dans ses quartiers. Ils questionnent l’architecture et le mobilier, les lignes de fracture et les signes lézardant les rues en utilisant le détournement ou le contrepoint par des médiums allant de l’installation éphémère à la sculpture, en passant par le collage, la peinture ou la bombe. Figure de proue de cette édition, Hyuro a invité quatre artistes à s’emparer des murs de la ville à ses côtés. Cette Argentine installée à València a beaucoup peint sur toile et dessiné avant de se mettre aux murals. Le tournant tient à sa rencontre avec Escif qui l’a précédée en tant qu’artiste associé en 2016 après ses venues en 2011 et 2012, signant même un fanzine pour Bien Urbain. Elle a vite pris goût à l’art de rue, la force expressive de ses dimensions. Ses compositions monumentales ont le voile d’un passé récent et des photos d’antan, une dose de rêverie et de surréalisme. Peu de visages dans ses corps à têtes retournées ou totalement absentes quand elles ne portent un masque. Même lorsque les yeux sont entravés d’un ruban blanc rappelant celui d’une captive comme d’un condamné à mort, se dégage une certaine douceur. Celle des drapés des étoffes portées n’a d’ailleurs rien à envier à la peinture de la Renaissance. Ça et là se retrouvent, entre onirisme et réalisme cru, des hommages à la Fontaine publique de Duchamp ou à la minceur de corps tourmentés d’Egon Schiele projetés dans un contexte socio-politique rappelant la force illustrative et la satire de Dran. L’étrangeté qui se dégage des oeuvres de Hyuro, où les figures féminines sont omniprésentes, est aussi marquée par des influences assumées pour les animaux en noir et blanc du belge Roa, les portraits de Swoon et la critique sociale de l’italien BLU. Parmi les artistes qu’elle a invité à cette édition, l’israélien Know Hope et ses collectages de paroles qu’il reproduit en citations impromptues dans l’espace urbain, les slogans et luttes collectives soutenues à grand renfort de collages de vieilles photos par Anaïs Florin à voir du côté des Vaîtes, les peintures tirées de clichés vernaculaires de famille de Mohamed L’Ghacham ou encore les installations artistiques éphémères de Fernando Abellanas, alias Lebrel, designer connu pour avoir créé de toutes pièces un studio suspendu sous un pont de València. Un refuge en forme de cabane d’enfant perché dans un arbre de béton, en pleine jungle urbaine.
Bien Urbain, dans les rues de Besançon, au parc Micaud, à Planoise et à La Rodia, du 8 au 23 juin