Liberté, liberté chérie
Pour monter Les Boréades de Rameau, l’Opéra de Dijon fait appel à un duo de choc, invitant Emmanuelle Haïm à la tête de son Concert d’Astrée et le metteur en scène Barrie Kosky.
Pierre angulaire de la saison 2018 / 2019 de l’Opéra de Dijon, cette production des Boréades en épouse parfaitement le thème. Dans l’Acte II, au cours d’une célébration à Apollon, est en effet chanté : « C’est la liberté qu’il faut que l’on aime, le bien suprême, c’est la liberté. » Il était logique de con er la baguette de cette nouvelle production à Emmanuelle Haïm, artiste associée à la maison bourguignonne (qui y poursuit son cycle dédié au compositeur après Castor et Pollux, Dardanus ou encore Pygmalion) dont l’interprétation de l’ultime pièce de Jean-Philippe Rameau à l’Opéra national du Rhin, en 2005, nous avait bluffés. Elle évoquait alors pour nous une page « d’une incroyable richesse d’écriture. C’est l’œuvre d’un homme âgé (qui a commencé tardivement sa carrière dans le genre) qui va mourir pendant les répétitions et qui ne se préoccupe plus de ce que les gens pourront penser. Il laisse alors libre cours au “délire” d’une musique extrêmement sophistiquée et emplie d’une profonde sensualité. On sent bien là que la tragédie lyrique vit ses ultimes et sublimes soubresauts ». L’histoire est celle « d’un véritable hymne à la liberté, celle d’une femme qui l’a choisie… plutôt que l’amour ».
Nous sommes en 1764 le souffle des idées nouvelles qui emporteront tout sur leur passage une vingtaine d’années plus tard est déjà perceptible : « On pense parfois aux différentes étapes d’une initiation maçonnique : celui qui aime doit passer par différentes épreuves pour voir son amour couronné par les Dieux. » Tout cela est en outre fort virtuose et « la question se posée parfois de savoir si la partition est jouable ou s’il s’agit d’une simple vue de l’esprit. Les acteurs de cette tragédie lyrique sont poussés dans leurs extrêmes. » À la mise en scène, on retrouvera le directeur de la Komische Oper de Berlin, Barrie Kosky aux options scéniques toujours très tranchantes qui avait dépoussiéré avec verve Castor et Pollux à Dijon, en 2014. Il proposait également, il y a quelques mois, une vision ultra expressive et éminemment germanique – qui pose néanmoins question pour un répertoire profondément français – de Pelléas et Mélisande de Debussy à l’Opéra national du Rhin.
À l’Opéra de Dijon, du 22 au 28 mars
opera-dijon.fr
Rencontre avec les artistes après la représentation et atelier destiné aux enfants pendant la représentation (24/03)