Supernova
La “star” M83, musicien français que la planète nous envie, transportera son auditoire au centre de sa constellation sonique le temps d’un show à La Laiterie durant lequel il lui montrera la voie (lactée).
Adulé par la presse anglo-saxonne, Anthony Gonzales, tête pensante de M83 (comme la galaxie) a débuté sur Gooom, petit (mais costaud) label electro hexagonal. Il aurait pu garder ce statut d’artiste discret d’Antibes, doué mais confidentiel… seulement le sort en a voulu autrement. Le départ de son binôme, Nicolas Fromageau, au bout de deux projets1n’aura pas fait exploser le vaisseau en plein vol. Au contraire, la notoriété de M83 enfle, album après album, chacun rappelant immanquablement les ambiances électroniques de Boards of Canada et le rock brumeux de My Bloody Valentine.
Le système stellaire mis au point par Anthony Gonzales ? Une ligne mélodique autour de laquelle il tournoie, l’enveloppant de strates : flots de synthés, vagues de guitares, airs joués au clavier ou chantés, batteries pesantes. Ses compos sont autant de typhons, de trous noirs où l’on s’engouffre. Ses disques ? L’alliance entre musique cérébrale – les boucles, la construction en couches – et populaire – l’influence de la pop 80’s, notamment de Talk Talk et Tears For Fears… qu’il apprécie particulièrement, nous confia-t-il sans complexe lors d’un de ses passages à La Laiterie. S’il n’écrit pas de chansons à proprement parler (la voix est utilisée comme un instrument parmi les autres), des thématiques parcourent des disques épais comme du brouillard. Saturdays = Youth (2008), par exemple, parle, en substance, de l’adolescence. Pas étonnant, dès lors, qu’Anthony cite comme références Gregg Araki et Larry Clark, cinéastes passionnés par l’univers des ados.
Aujourd’hui installé aux USA, le Californien d’adoption voit les choses en grand. En plan américain. XXL. Échafaudé à Los Angeles où il réside depuis début 2010, Hurry up, we’re dreaming met les bouchées double avec vingt-deux titres. Ce péplum pop synthétique en deux chapitres débute en beauté, avec le sobrement nommé Intro et, surtout, la bombesque seconde piste, Midnight City, un tube. Si les voix, la sienne ou celle de la sirène Zola Jesus, sont davantage mises en avant, on retiendra surtout les synthétiseurs suintants, l’orgue cérémonial, les envolées de cordes, les chœurs angéliques, le saxo outrancier, l’emphase générale innervant l’ensemble. Quand c’est trop, c’est mégalo? La saturation est évitée grâce aux salutaires respirations, des bulles d’oxygène : le slow numérique Wait, l’electro-folk Year one, one UFO ou la comptine enfantine Raconte-moi une histoire…
Nostalgique (les très nombreux clins d’œil à son enfance et aux eighties), cinématographique (les titres Steve McQueen et Klaus I love you, spéciale dédicace à Kinski), épique (à peu près tout le disque), Hurry up, we’re dreaming est une intrigante échappée cosmique et autobiographique. Une expérience à vivre en live.
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