Ballotée par l’Histoire, la destinée de la fille de Léopold Ier de Belgique est joliment narrée en BD dans le premier volume du diptyque Charlotte Impératrice.
Dans le flot éditorial de biographies en bande dessinée – un véritable genre en soi désormais –, le pire alterne bien souvent avec le meilleur. C’est dans cette dernière catégorie qu’il convient de classer le premier volume de Charlotte Impératrice. Rompu aux scénarios menés tambour battant avec une extrême finesse, Fabien Nury (La Mort de Staline ou Katanga pour ne citer que ces deux réussites) s’empare avec délices de la destinée de cette pauvre petite fille riche. Récapitulons. Fille du Roi des Belges, Charlotte est une jeune charmante enfant qui a tout pour plaire. À seize ans, elle s’amourache de Maximilien d’Autriche, frère cadet de l’empereur François-Joseph. Mauvais choix ; elle aurait mieux fait d’épouser l’héritier du Portugal auquel elle était promise, même si sa famille est heureuse de s’allier au Habsbourg. Le numéro de charme de bellâtre fonctionne cependant parfaitement et le mariage est fastueux en 1857. La suite sera une longue série de déceptions : mesquineries et tromperies en tout genre, le prince charmant s’est métamorphosé en ordinaire butor. Notre héroïne évoque bien souvent celle d’Une Vie de Maupassant. En une page cinglante, Fabien Nury narre, par exemple, une nuit de noces pathétique, excellant dans les allers-retours permanents entre l’intimité du couple et les enjeux géopolitiques d’une époque complexe. Au dessin, Matthieu Bonhomme (dont on avait adoré Texas Cowboys et L’Homme qui tua Lucky Luke) est prolixe en cadrages cinématographique et cases d’une grinçante ironie : la promenade à laquelle il nous invite dans un bordel est ainsi un moment d’anthologie. À la fin de l’album nous quittons Charlotte en partance pour le Mexique où Maximilien vient de devenir empereur…
Le tome 1 de
