Histoire de vengeance sur fond de ville champignon en Californie et de Révolution française de 1848 : les deux premiers volumes de Sonora séduisent.
Sonora : un nom magique qui claque au vent de la BD. Souvenons-nous en effet des Vengeurs du Sonora, opus réussi des aventures de Jerry Spring datant de 1985. Cet état du Mexique donne son titre à un triptyque scénarisé par Jean-Pierre Pécau, spécialiste ès séries historiques à qui on doit notamment L’Histoire secrète ou Lignes de Front. Rigueur narrative et précision sont sa marque de fabrique… On la retrouve dans la trajectoire d’un jeune homme nommé Maximilien : rescapé des barricades de 1848, il émigre. Non pour fuir, mais afin de se venger de trois soldats monarchistes qui ont tué son frère, dont il cherche les traces. Dans les deux premiers albums, on le suit du Nicaragua à la Californie où affluent des milliers de Français attirés par la fièvre de l’or, en 1851 : au fil des pages, le lecteur croise un VRP de la maison Colt, un étrange “général” faisant office de gouverneur tentant de faire régner l’ordre dans les placers – les concessions aurifères –, un jeune pistolero (trop) doué, une (très) jolie danseuse… Joliment troussée, la BD oscille entre événements historiques, luttes politiques extrêmement bien rendues, idées philosophiques parfois effleurées (avec quelques socialistes utopistes disciples de Cabet rencontrés, ici où là) et destinées individuelles dans l’univers impitoyable des chercheurs d’or. Servis par le dessin énergique et réaliste de Benoît Dellac – avec qui le scénariste a régulièrement collaboré – sur lequel plane l’ombre de Gir se déploient deux albums faisant plonger le lecteur dans l’atmosphère violente des ces villes champignon : Maximilien a déjà dessoudé deux tueurs. En reste un. Qui est-il ? On a quelques soupçons à la fin du deuxième volume, alors que le “général” entraîne ses troupes vers le Mexique riche de 1 001 promesses de fortune facile.
La Vengeance et Lola Montez, les deux premiers volumes du triptyque Sonora sont parus chez Delcourt (14,95 €, chaque album)
