Expériences artistiques
Dans The Live Creature, la commissaire Soledad Gutiérrez rassemble plusieurs plasticiens autour des connections possibles entre éducation et pratique artistique.
Avec pour référence le livre de John Dewey, L’Art comme expérience paru en 1934 – le titre de l’exposition en est issu – Soledad Gutiérrez désire explorer le lien entre expériences du quotidien, de quelque nature qu’elles soient, et expériences esthétiques dans la réception ou la création d’une œuvre plastique. Le philosophe écrivait en effet qu’il importe de « montrer que les théories qui isolent l’art et l’appréciation qu’on en a en les plaçant dans un monde à part, coupé de tout autre mode d’expérience, ne sont pas inhérentes à son contenu même, mais apparaissent en raison de diverses conditions. » Dans The Live Creature, la commissaire a ainsi souhaité présenter différents types de projets : les premiers « explorent les liens entre l’éducation artistique et la pratique de l’art ». Ainsi Other Ways d’Allan Kaprow, ici réactivé (où des élèves et leurs profs sont conviés à travailler à partir de happenings) ou Object of Learning / Subject of Study, installation d’Anna Craycroft aux enjeux multiples évoquant une salle de classe colorée.
Autre piste de réflexion, « l’artisanat comme moyen de se référer au monde ». Dans les œuvres de Teresa Lanceta, la dichotomie caricaturale entre art populaire et art pur – dont la ligne de partage passe par le caractère “utile” ou non de l’objet produit – vole en éclats : avec ses somptueuse pièces tissées se rencontrent techniques ancestrales des femmes de l’Atlas et discours conceptuels. Le parcours se poursuit avec une réflexion sur « le corps comme sujet de transmission » (Score for Mother and Child, fascinantes vidéos d’Aimée Zito Lema montrant une chorégraphie entre une mère et sa fille) et « l’influence de l’environnement urbain qui nous entoure » avec White Paper : Land, Law and the Imaginary d’Adelita Husni-Bey. Un questionnement critique sur la notion juridique de propriété aux Pays-Bas, en Égypte et en Espagne visant à montrer la toute puissance de la spéculation immobilière qui broie les droits humains les plus élémentaires. Chaque œuvre exposée interroge ainsi le visiteur, le poussant à en disséquer les enjeux.
Workshop d’Aimée Zito Lema, samedi 17 mars (10h-13h, gratuit sur inscription)