Le mépris
Depuis son face à face rageur avec Juppé, Christine Angot est devenue l’une des têtes d’affiche cathodique d’On n’est pas couché, réussissant le tour de force de nous rendre sympathique Yann Moix – c’est dire ! Il n’en reste pas moins que l’écrivaine à succès, qui horripile autant qu’elle fascine, séduit le monde du théâtre. Après Un amour impossible monté par Célie Pauthe (voir Poly n°193), Richard Brunel s’est récemment attaqué au Dîner en ville de la reine de l’autofiction à la française. Une célèbre actrice et son compagnon (un ingénieur son au chômage) sont invités par un producteur de cinéma touchant aussi à la mode avec une directrice de théâtre de banlieue et une professeure de médecine. Juste après les élections présidentielles, ce repas sent le soufre des vanités et des convenances, des mondanités bienséantes et des dérapages décomplexés. Tout est, comme souvent chez Angot, histoires de domination, de lâchetés et de non-dits. Il y a le mépris social, l’arrogance des gens de pouvoir, l’abîme des inégalités, la cruauté ordinaire. La vertu, comme disait Nietzsche, d’apporter au bûcher d’un condamné son petit fagot à soi.
À La Colline (Paris), du 6 mars au 1er avril
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