Eames are my reality
Le plus célèbre couple de l’histoire du design est fêté dans un événement en quatre volets intitulé An Eames Celebration, histoire de constater que son génie a produit bien plus que des chaises, imprégnant de nombreux champs du réel.
Vitra se met à l’heure de Ray et Charles Eames : exposition pour les petits (Play Parade), présentation des évolutions successives de leurs différents meubles et des instruments utilisés pour les réaliser (Kazam !) ou encore focus sur leur œuvre cinématographique (Ideas and Information). Le cœur du dispositif est à découvrir dans The Power of Design où le visiteur comprend « que le couple n’a pas uniquement révolutionné le design, mais aussi inventé le concept moderne de l’exposition, commissionnant des événement de manière inédite, ou été pionnier dans la réalisation de films », explique la commissaire Jolanthe Kugler. Dans un parcours chronologique, se déploient les tentatives pour mouler du contreplaqué qui ont permis, au cours de la Deuxième Guerre mondiale, de créer des attelles pour les soldats, prélude à un déluge de chaises et autres banquettes ici montrées, pièces à la fois fonctionnelles et sexy représentatives d’un séduisant easy living.
On craque pour les réalisations en résine de polyester et fibre de verre destinées au concours international organisé par le Museum of Modern Art de New York en 1948 “Low-Cost Furniture Design” et pour deux fauteuils uniques décorés par leur pote Saul Steinberg qui en souligne les courbes, dessinant une femme ou un chat sur la coque de plastoc.
Mais la partie la plus intéressante de l’exposition présente les films du couple dont l’hallucinant Glimpses of the USA. Projeté sur sept immenses écrans en Union soviétique, en 1959, ce court métrage composé de plus de 2 000 images s’enchaînant dans un déraisonnable diaporama de propagande a été réalisé pour montrer le succès de l’American way of life : alignements de nœuds autoroutiers à l’envoûtante géométrie, de suburbs avec leurs maisonnettes proprettes et leurs pelouses impeccables, de gratte-ciel vertigineux ou encore de jolies filles saines & sportives dans une réalisation cool. Autre grand moment, le culte Powers of Ten (1977) : un couple pique-nique dans un parc, la caméra le surplombe dans un plan façon drone, puis monte, monte, monte… Sur le côté de l’écran, un compteur indique son éloignement (jusqu’à 100 millions d’années-lumière). Elle redescend ensuite jusqu’à entrer dans la peau des protagonistes, plongeant au cœur des cellules, puis des atomes. Un voyage éminemment pascalien en neuf minutes, de l’infiniment grand à l’infiniment petit avec pour matrice… le couple middle class américain.
The Power of Design au Vitra Design Museum
Play Parade dans la Gallery du musée (jusqu’au 11/02)
Kazam ! au Vitra Schaudepot Ideas and Information à la Caserne des pompiers