Vacarme
Entre rock acrobatique et transe technoïde, la musique physique d’Electric Electric galvanise son public et pulvérise les oreilles. Nouvel album éreintant et transpirant.
Gzzzz ! Gzzzz ! Gzzzz ! La musique d’Electric Electric fait l’effet d’une colossale décharge que l’on se prendrait à la fois dans les tympans et dans l’estomac. Plus puissant que Django Django, Duran Duran ou même que Zombie Zombie, le groupe strasbourgeois est doublement électrique. Évoquant le rock noisesque de Sonic Youth, le post-punk strident de Public Image Limited, les brutalités kaléidoscopiques de Battles ou les dingueries électroniques de Dan Deacon, les Alsaciens pratiquent l’art de la compo sophistiquée et de la rythmique casse-cou. Épileptiques, s’abstenir…
Coup de tonnerre en 2008 avec la sortie de Sad Cities Handclappers (sur le label strasbourgeois Herzfeld), album martial composé par le duo Éric Bentz (guitare et chant, aussi discret soit-il) et Vincent Redel (batterie). Des riffs de guitare électrique, des accords se répétant, une batterie martelant, une superposition de strates et des sonorités semblant venir d’Afrique (Bamako) pour un pur moment d’extase musicale. Ce disque foudroyant prend toute sa dimension en live où Vincent Robert (claviers et chant) vient porter main forte au groupe dont il fait à présent partie intégrante. Selon Éric Bentz, leader, « le studio est une grotte, loin de tout, où l’espace-temps se dilate, tandis que les concerts sont des moments quasi-transcendantaux de vérité brute. »
Discipline, second LP d’Electric Electric, fut enregistré (à trois) « comme on fait un film. J’arrive avec des boucles de guitares ou des idées rythmiques et nous travaillions à partir de ces rushes que nous montons ensemble, en confrontant nos avis. » Influencés par les expériences scientifiques de Stanley Milgram (de fausses décharges électriques administrées à des cobayes) ou les longs-métrages d’Andreï Tarkovski (« des objets hyper stimulants dans leur densité »), les onze titres de ce disque reflètent le contexte confus dans lequel nous évoluons. « Electric Electric existe en réaction au cynisme ambiant, à la déshumanisation rampante, à la standardisation qui gagne chaque recoin de nos vies. » Mélancolie et sueur, anarchie et rigueur, austérité et mysticisme… ce nouvel album, « mélange de chaos et de précision, colle à notre époque où la discipline est partout ».
Discipline, co-production entre les labels Herzfeld, Kythibong, Africantape et Murailles Music