The Party

De la Musique d’ameublement d’Erik Satie (1918) à Ritornano Quelli Di…. Calibro 35 de Calibro 35 (2010), Erwann Pacaud explore l’Easy listening, l’exotica et autres musiques légères. En avant la muzak !

La moumoute blonde, le costard blanc et le sourire ultra brite de Mike Flowers Pops reprenant le Wonderwall des mauvais garçons d’Oasis. Les compilations The Sound Spectrum ou Get Easy !, s’écoutant un verre de Vodka Martini à la main. Les soirées lounge de chez Madame Jojo’s à Londres où l’on danse accoutré comme Austin Powers… Au milieu des années 1990, impossible d’échapper à la vague du revival easy listening sévissant un peu partout, même en France (l’album de Valérie Lemercier, Philippe Katerine…).

Une mode. Un mode de vie pour certains préférant se prélasser que travailler. Un style aux contours flous, sensé être light, sans saveur, inoffensif, mais qui irrigue encore aujourd’hui la production musicale.

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Erwann Pacaud rappelle que, dans les années 1950, il  fallait choisir son camp, entre l’easy listening de Les Baxter et le rock’n’roll d’Elvis : « Les parents optent pour la génération cocktail qui vénère le raffinement de ces mélodies légères opposées à leur progéniture subjuguée par cette musique rebelle et envoûtée par le pelvis du King. » Et bing, fracture générationnelle.

Les années 1930 : la société Muzak façonne de la musique d’ascenseur au km, sensée être « utilitaire », « décorative », dont le but « purement marketing » est « de faire consommer plus dans les galeries marchandes » et « d’accroître la productivité » dans les entreprises. Avec l’arrivée du 33 tours, les demeures modernes des familles modèles américaines peuvent, dans les fifties, s’équiper et diffuser de la Music for Reading, Relaxing ou même pour le Barbecue entre amis.

Les plus coquins s’essayeront même au strip-tease sur des rythmes jazzy, tandis que d’autres s’apprêteront à voyager dans les Andes d’Yma Sumac ou à Hawaï, chemise à fleurs sur le dos, grâce aux sonorités lointaines de l’exotica mêlant mambo et calypso, congas et bongos. L’easy listening sort définitivement des intérieurs middle classe lorsqu’elle nous met en orbite, comme y parvient la space pop de Ron Goodwin et son orchestre.

Avec Mancini, Schiffrin ou Barry, l’exotica, les « musiques légères » s’immisceront dans les BO de films d’espionnage ou de sexploitation… le genre gagnant ses lettres de noblesses. Les producteurs de hip-hop, musiciens pop et artistes électroniques des décennies à venir n’auront aucun complexes à piller la musique easy, aussi esthètes soient-ils, même lorsqu’ils se nomment Stereolab ou Aphex Twin (le projet Mike & Rich).

 

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Easy listening, exotica et autres musiques légères

Le Mot et le Reste (20 €)

www.lemotetlereste.com

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