Pauline Ringeade compose le solo Silence Vacarme pour Claire Rappin

Photo de répétition d’André Muller

Pauline Ringeade compose pour Claire Rappin un solo intime, Silence Vacarme, entre cri intérieur et écoute du paysage, temps du silence et joie d’un tohu-bohu.

Depuis plus de 15 ans et leur rencontre à l’École du TNS, Pauline Ringeade et Claire Rappin n’ont cessé de travailler ensemble, rêvant d’un solo composé toutes les deux, sans jamais que la fenêtre idéale ne s’ouvre. C’est désormais chose faite avec Silence Vacarme, continuité d’une exploration sensible de notre rapport au vivant nourri par Vinciane Despret ou Baptiste Morizot. Le duo de comédienne et metteuse en scène est parti enregistrer ses mères, grand-mères et amies, les questionnant sur leurs jardins, les naissances et le rapport intime et organique qu’elles y entretiennent. « Ces deux champs se sont très rapidement trouvés reliés par le soin, l’attention portée au vivant dont on s’inquiète et son besoin de transmission », relate Pauline Ringeade. Ce recueil de matière prend vie dans une fictionnalisation de famille à partir de celle de Claire, qui a fui Franco en 1962. Seule au milieu d’enceintes figurant les plants d’un jardin auquel chaque histoire est liée, d’instruments dont elle joue et parfois détourne l’usage premier au profit de dimensions percussives, elle « fout un joyeux bordel au plateau » pour conter cette histoire renvoyant à un paysage intérieur.

Pauline Ringeade
Pauline Ringeade – Silence Vacarme : photo de répétition d’André Muller

La géographie intime, qui se dessine par couches successives (les mots et l’accent de sa grand-mère, les histoires glanées…), dévoile un récit collectif dont l’hybridité doit beaucoup à l’historienne de l’art Estelle Zhong Mengual (Apprendre à voir, Actes Sud, 2021), aux expérimentations de Bernie Krause, bioacousticien et enregistreur de panoramas sonores. Ses spectrogrammes montrent une répartition des bandes de fréquence et des moments, un peu comme si, dans chaque milieu naturel, l’ensemble du vivant composait une partition respectant chacun. La comédienne mène une enquête dans laquelle elle convoque des endroits qui lui sont chers, mêlant sons, végétation, géographies, langues, personnes… Sur fond de cyclo inondant la scène de bains de couleurs, les sons décrits sont rendus par ces teintes vibrionnant, plutôt que donnés à entendre, laissant place à l’imaginaire du public. « Notre manière de faire silence pour que le vacarme advienne », s’enthousiasme-t-elle. Enceinte durant une bonne partie du processus de création, le personnage de Claire conserve un ventre arrondi. Sur un sentier de montagne avec une amie sage-femme, « elle se questionne sur le nom donné aux vivants qui, souvent, portent ceux choisis par des scientifiques (botanique, médecine), majoritairement des hommes, quand ce n’est pas leur propre patronyme ! Idem pour les organes génitaux féminins. Sa recherche de sons et de sens devient dès lors une quête d’émancipation des récits dominants. »


Au Théâtre de la Manufacture (Nancy) du 16 au 19 avril puis au Théâtre des Feuillants (Dijon) du 23 au 25 mai dans le cadre de Théâtre en Mai et aux 2 Scènes (Besançon) du 28 au 30 mai dans le cadre du festival Sur terre (avec le CDN Besançon Franche-Comté)
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